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pétrole, elle fut mise sous la surveillance de deux organisations : le commandement des terrains pétrolières et la section des huiles minérales. Les conduites étaient sous la dépendance d’un office qui avait pour fonction spéciale le démontage de la ligne Buzau-Constantza et le montage de deux conduites qui devaient relier les champs producteurs au port Giurgiu sur le Danube, de façon à approvisionner les armées allemandes. L’Allemagne voulait s’assurer la possession exclusive du pétrole roumain : pour y arriver, elle a essayé d’accaparer tous les lorrains, d’exclure les capitaux non allemands de cette industrie, de constituer à son profit exclusif le monopole de la fabrication, du transport et du commerce du précieux liquide.

Ces quelques données suffisent pour montrer dans quel état était le royaume lorsque la victoire des Alliés vint le délivrer d’une tyrannie qui, si elle s’était prolongée, menaçait de le conduire à la ruine définitive.


VIII. — ITALIE

Le gouvernement italien n’a pas encore établi de compte général des dommages subis par ses territoires envahis et occupés au cours des hostilités par les Austro-Allemands. Une commission d’enquête, instituée par décret royal du 15 novembre 1918, a fait un premier rapport sur les violations du droit des gens et des lois de la guerre et sur le traitement infligé aux prisonniers de guerre. Un chapitre est consacré aux réquisitions et aux dommages causés à la propriété mobilière. Il en résulte que la quasi-totalité de la richesse mobilière des provinces envahies, Bellune, Udine et une partie de celles de Venise, de Trévise et de Vicence, a été ou anéantie ou enlevée par l’ennemi, en même temps que la fortune immobilière était en partie, ou détruite ou mise hors d’état, pour une longue période, de fournir des revenus. Ceux qui ont pu être perçus pendant l’occupation ont été confisqués par l’envahisseur, qui a saccagé le sol et les bâtiments, de façon à les rendre improductifs pour une période indéfinie.

Le rapport établit la complicité des troupes allemandes dans tous les crimes commis. Leur participation fut particulièrement active dans les premiers temps de l’invasion, en novembre et décembre 1917, alors que des pillages odieux se