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eux aussi, à des réparations, à leur part des restitutions et des paiements à exiger de l’Allemagne.


VI. — BELGIQUE

En Belgique, les attentats contre les personnes ont eu un caractère particulièrement grave et odieux. Le cadre que nous nous sommes tracé nous interdit de nous étendre sur cette catégorie de crimes. Nous empruntons seulement aux documents officiels que nous avons sous les yeux quelques chiffres relatifs aux dégâts matériels. Dans la province de Brabant, 5 833 maisons ont été incendiées, 15 024 pillées ; dans la province de Liège, 3 444 détruites ; dans celle d’Anvers, 3 553 ; dans celle de Namur, 5 213. Auprès du tableau des ruines se trouve celui des victimes : pour la seule ville de Dinant, une liste nominative de plus de 600 habitants massacrés a pu être dressée. Il faudrait le compléter par celui des territoires où la lutte s’est poursuivie pendant quatre ans, des villes martyres telles qu’Ypres, des pays inondés de l’Yser, des villes de la côte, Ostende, Meddelkerke, Lombardzyde et autres, dont les décombres rappellent l’aspect de Messine au lendemain du tremblement de terre ! Et il y faudrait joindre les effets de la politique de spoliation organisée par les autorités allemandes et qui se résume dans cette phrase du Grand Quartier Général du 27 août 1914 : « La Belgique, placée sous l’administration allemande, devra fournir aux besoins militaires de toute nature, afin de soulager les territoires allemands. » C’est ainsi que les provinces belges se sont vu imposer une contribution de 40 millions de francs par mois, et que communes et citoyens belges ont été soumis à d’énormes réquisitions, frappés d’impositions et amendes de toute nature.

C’est en montrant tout à l’heure l’effort financier que la Belgique a dû faire pour se remettre en équilibre que nous mesurerons l’étendue des pertes qu’elle a subies. Nous ne pouvions pas ne pas inscrire parmi les glorieuses victimes de la guerre celle qui a donné le plus bel exemple d’énergie, de constance, de fidélité au devoir et à l’honneur. Pour elle comme pour la France, M. Keynes n’a pas craint de lancer en avant des chiffres absolument fantaisistes. C’est ainsi qu’il évalue la fortune immobilière du pays avant la guerre à 12 milliards de