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relèvement des ruines. Un an après l’armistice, sur le réseau du Nord, le nombre des kilomètres non exploités était réduit à 12 pour la voie unique et à 15 pour la voie double ; 321 ponts sur 620 étaient rétablis ; quatre grands tunnels réparés et le cinquième déblayé. L’Est ; à la même date, avait refait 853 kilomètres sur 930 et 64 ponts sur 214.

Les voies d’eau n’ont pas moins souffert. Elles jouaient un rôle considérable dans cette région, où la navigation a été, pour longtemps, rendue impossible. Au lendemain de l’armistice, on évaluait les dégâts à un demi-milliard. Les dommages aux ports maritimes étaient comptés à 82 millions, aux routes et ponts à 1 218 millions, aux postes, télégraphes et téléphones à 300 millions.


V. — COMMERCE ET PROFESSIONS DIVERSES, RÉSUMÉ

Les commerçants des régions envahies ont, comme les industriels, subi des pertes énormes. Les fonds de commerce, c’est-à-dire une richesse acquise par le travail de plusieurs générations, sont, dans beaucoup de cas, anéantis. Leur installation et leur mobilier commercial ont été en grande partie détruits, leurs marchandises réquisitionnées, pillées ou brûlées. Les éléments manquent pour chiffrer ces dommages, aussi bien que ceux subis par les offices publics et ministériels et autres professions. Quant aux valeurs mobilières, qui représentaient plusieurs milliards, elles ont été restituées par les Allemands au moment de l’armistice. Au total, les dommages ne sont pas inférieurs à 126 milliards. On a estimé à 74 milliards le montant capitalisé des pensions à servir aux victimes de la guerre. On arrive donc à un total de 200 milliards comme montant des dommages pour lesquels réparation est due par l’Allemagne à la France, aux termes de l’article 232 et de l’annexe I de la partie VIII du traité de Versailles. Nous sommes loin du chiffre auquel il semble être question de limiter les obligations de l’Allemagne, par le jeu d’un forfait que les Alliés n’auraient de raison de lui accorder que s’il n’était pas démesurément inférieur à ce qui leur est dû et si des garanties supplémentaires leur étaient remises.

Nous allons maintenant jeter un coup d’œil sur ceux des pays alliés qui ont subi l’invasion comme nous et donner quelques précisions sur les dommages soufferts par eux. Ils ont droit,