Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/803

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
801
comment finit la guerre.

ouvriers allemands dans les usines de guerre ; les populations des territoires occupés sont contraintes à des travaux militaires, quelquefois tout près du front. L’emploi de toutes ces ressources permet de recompléter les unités existantes et de créer 60 nouveaux régiments et sauve l’Allemagne qui se sentait aux abois Toutes les divisions furent réduites à 3 régiments.

La classe 1918, dont l’appel avait commencé le 15 novembre 1916, commença à arriver sur le front au début de 1917, et toutes ces récupérations continuaient activement, car on attendait l’attaque du printemps trop annoncée par l’Entente, 14 divisions nouvelles furent créées. Les divisions allemandes qui restaient en Russie, considérées comme des troupes de police, se vidaient de tous les éléments jeunes et n’étaient plus composées que d’hommes entre trente-cinq et quarante-cinq ans.

Avant sa grande offensive de mars 1918, Ludendorff avait complété les effectifs des divisions dont il disposait sur le front occidental, et les bataillons étaient à 800 hommes, répartis en 4 compagnies et 1 compagnie de mitrailleuses (au lieu de 1 000 hommes), mais ses Mémoires nous apprennent qu’il n’avait que 100 000 hommes dans ses dépôts ; il jugeait ce ballant bien léger, mais se consolait en pensant que ses ennemis étaient aux prises avec les mêmes difficultés ; la division anglaise, de 12 bataillons en 1917, était réduite à 9 bataillons, et l’armée française avait dû dissoudre 100 bataillons territoriaux.

Dès le mois de juin, l’entretien des effectifs se faisait mal ; le 13 juillet, le commandant de la 10e armée signalait que 4 divisions allemandes, usées sur son front par des actions locales qui préparaient l’offensive projetée, avaient été remplacées par des unités sorties de secteur depuis peu de temps, ni reposées, ni recomplétées ; « et leurs effectifs sont très faibles (40 à 50 hommes par compagnie). L’ennemi, à la suite de ses échecs, reste donc très affaibli, mais les ordres qui ont été donnés aux commandants de secteur et que nous avons capturés, sont formels : tenir coûte que coûte sans espoir de renforts. Le gros de l’armée allemande est réservé pour la grande offensive. Devant le front de la 10e armée, j’estime donc que la situation est éminemment favorable à une attaque et je crois devoir le signaler à votre attention. »

Donc Ludendorff engageait une nouvelle offensive dans des conditions précaires. Dès qu’une première victoire nous rendit