s’étaient disputé sa personne et sa royauté ; et ces rivalités clandestines avaient mené le petit mort aux mêmes fondrières d’intrigues et de mystères où s’était enlizé le vivant.
L’échec de cette première enquête n’abolit pas les doutes et ne calma point l’émotion causée par l’apparition du prétendu fils de Louis XVI. Puisqu’on ne retrouvait pas le corps da Dauphin comme on avait retrouvé ceux de son père et de sa mère, c’est donc qu’il vivait encore : ainsi jugeaient les esprits simples et, de tous les points de la France, les dévoués royalistes qui savaient ou croyaient savoir quelque chose touchant l’évasion du prince s’imaginaient, en le révélant, se rendre agréables au pouvoir et s’évertuaient avec la meilleure foi du monde à démontrer à Louis XVIII qu’il était un usurpateur. On remplirait un volume des déclarations dont s’encombrèrent vers ce temps-là les cartons du ministère : en présence de ce schisme menaçant, le pouvoir se montra suprêmement habile ; il prit la direction du mouvement et l’encouragea pour l’étouffer. Le 2 avril 1817, Decazes dictait une note à l’adresse des officiers de paix, les invitant à recueillir « les noms et l’état actuel des individus qui avaient naguère témoigné de l’intérêt et donné des soins au fils de Louis XVI durant sa captivité, notamment les sieurs Laurent, Gomin, Loine (Lasne), les docteurs Dumangin, Thierry, Soupé et Jupalès (Pipelet ? ), le concierge du Temple « dont on ne sait pas le nom, trois municipaux et deux commissaires qui ont bien traité le Dauphin et dont on ignore également les noms. » Les officiers de paix se mirent aussitôt en chasse : or, de tous les personnages cités ou indiqués dans la note du ministre, sait-on combien furent interrogés ? — Pas un seul ! Laurent, à la vérité, était mort ; mais il était facile de retrouver Lasne et Gomin : on se garda bien de les questionner ; on apprit que le docteur Dumangin vivait retiré a Saint-Prix ; pourtant, on jugea plus prudent de ne point réveiller les souvenirs de ce praticien. En revanche, on retrouva, sans les avoir cherchés, le docteur Pelletan et le commissaire Damont.
Pelletan, on ne l’a pas oublié peut-être, après l’autopsie terminée, avait roulé dans une serviette le cœur enlevé au petit cadavre ; il le conservait soigneusement : le retour des Bourbons éleva ce viscère du rang de pièce anatomique à celui de