Mgr de Savines sortit de Charenton transformé par la captivité. Soit que la leçon l’eût corrigé de courir les routes à la poursuite des Dauphins nomades, soit qu’il fût « trop étroitement surveillé, « tous rapports cessèrent entre lui et Hervagault, dès l’entrée de celui-ci à la maison de force de Bicêtre. Pourtant, l’ex-prélat ne reniait pas sa foi en l’origine royale du prisonnier ; on le voit, en septembre 1803, faisant circuler dans Paris « une relation manuscrite de son heureuse rencontre avec le fils de Louis XVI et du projet qu’il a conçu de marier « le rejeton des Rois avec l’une des petites-filles du maréchal de L… » Cette protestation de dévouement inspira d’ailleurs au policier qui la signale, la conviction que « la raison de l’ancien évêque était aliénée. » Cette dernière tentative restée sans succès, Savines renonça à l’apostolat pour se consacrer entièrement à la pénitence : il se retira dans sa province, à Embrun, où sa vieille mère vivait encore. Mais cette femme, jadis philosophe et « esprit fort, » était elle-même, à quatre-vingt-dix ans, touchée de la grâce. Devenue chrétienne ardente, elle avait disputé l’honneur de loger chez elle le Saint-Père de passage à Embrun et, comme on ne pouvait accéder à ce désir, elle implora la faveur d’envoyer au moins l’un des fauteuils de son mobilier dans la maison où le Pape était
- ↑ Voyez la Revue des 1er et 15 décembre 1919, 1er janvier, 1er février, 1er et 15 mars, 15 mai 1920