Les nations qui viennent de traverser la plus terrible épreuve que le monde ait connue, une guerre sans précédent, par les sacrifices en hommes et en richesses qu’elle a infligés aux belligérants, ainsi qu’un convalescent dont l’organisme est encore exposé à des rechutes, devraient pouvoir attendre, avec de grands ménagements, que la nature ait accompli son œuvre de reconstitution pour reprendre leur vie normale. Malheureusement cela est impossible. Plus les pertes ont été grandes, et plus rapidement il faut qu’elles soient réparées. Plus long a été le chômage forcé de la majeure partie de la population valide, et plus il faut que, par un labeur acharné, les survivants intensifient la production du sol et des usines.
Cette perspective n’a d’ailleurs rien d’effrayant pour les peuples énergiques qui ont donné la mesure de leur courage et de leur endurance en des combats dont la violence a dépassé tout ce que l’imagination la plus intrépide avait pu concevoir. L’union dans la paix doit rester ce qu’elle a été pendant la guerre.
Après que l’Allemagne eut brutalement déchiré les pactes qu’elle avait signés, l’Europe était à refaire. Ce fut l’œuvre des négociateurs du traité de Versailles, de cette charte nouvelle, qui n’a pas seulement réglé les destinées de l’ancien monde,
- ↑ Voyez la Revue du 15 mai.