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faisant 2 400 prisonniers. L’attaque s’élargit les jours suivants, et l’avance continue vers le Chemin des Dames, malgré les contre-attaques allemandes ; elle ne s’arrête que le 20, ayant l’ordre de « s’organiser sur le terrain conquis, de façon à conserver les gains réalisés, et de prendre toutes les dispositions en vue de diminuer les pertes et la fatigue, afin d’être en mesure de poursuivre l’ennemi au cas où il se retirerait. »

Cependant l’armée américaine, sous le commandement personnel du général Pershing, préparait une importante opération, qui avait pour but de réduire le saillant de Saint-Mihiel. Se sentant incapable de résister à cette attaque, l’ennemi avait commencé à se dérober quand, le 12 septembre, au matin, le général Pershing attaqua avec 14 divisions américaines et 4 françaises. Profitant hardiment du désarroi, il s’avance en trois jours jusqu’au nouveau front allemand, infligeant à l’adversaire une perte de 15 000 prisonniers et 465 canons.


Restait la 5e partie, l’avance en Champagne et en Argonne en direction de Mézières. Sur ce front, et malgré la leçon du 20 août, la défense avait exagéré encore le dispositif en profondeur qui avait si bien réussi au général Gouraud le 15 juillet.

La préparation d’artillerie commence le 25 septembre au soir, et le 26, à 5 heures 25 du matin, la 4e armée française Gouraud et la 1re  armée américaine Liggett attaquent sur un front de 60 kilomètres. De simples détachements s’avancent dans la zone de couverture devant les positions allemandes, et réduisent les faibles obstacles qu’elles rencontrent ; puis la ligne d’assaut se forme à bonne distance de la position de résistance et l’enlève. La progression est de 6 à 7 kilomètres devant l’armée Gouraud. Elle continue le 27, et les Américains enlèvent la butte de Montfaucon qui avait tenu la veille. Le 28, l’avance est très ralentie ; les réserves allemandes arrivent ; l’armée Gouraud est arrêtée sur sa gauche par une forte résistance dans un terrain marécageux. Outre les mêmes difficultés à vaincre, l’armée américaine, un peu trop tassée entre l’Argonne et la Meuse, se ravitaille très péniblement. L’avance se ralentit de plus en plus et s’arrête provisoirement à partir du 30. C’est un très beau succès local tactique qui a usé beaucoup l’ennemi ; mais il n’a pas obtenu l’événement de portée générale qu’attendait le maréchal Foch.