armées françaises avait produit et même dépassé tout l’effet
attendu. Un conseil de guerre réunit le kaiser, le kronprinz
allemand, Hindenburg et Ludendorff, et la continuation de l’offensive fut décidée.
Dans quel dessein ? Les Souvenirs de guerre
de Ludendorff sont muets sur ce point, pourtant capital. Il est
probable que le haut commandement allemand comptait pousser
jusqu’à la Marne et faire tomber rapidement les deux piliers de
la défense, Reims et Villers-Cotterets ; la réunion avec la poche
de Montdidier se ferait alors bien rapidement, car l’attaque
prévue vers Compiègne se présenterait dans des conditions très
favorables, la défense étant prise à la fois de flanc et de front ;
vers l’est, le front pourrait sans doute s’avancer assez loin, border
la Marne, et peut-être aller beaucoup plus loin, vers Saint-Mihiel,
faisant sauter cette terrible épine de Verdun. Ou bien pourrait-on
descendre à la fois la Marne et l’Oise et pousser vers Paris. Le
grand succès de l’entreprise donnait libre carrière a toutes les
ambitions ; on oubliait qu’il était dû à la surprise et remporté
sur des troupes fatiguées, à peine reconstituées après des pertes
énormes ; on méconnaissait une fois de plus l’adversaire qui
allait se ressaisir ; le haut commandement allemand était plein
de cet orgueil « fils du bonheur et qui tuera son père. » Quoi
qu’il en soit de ses nouvelles intentions, elles le portèrent à la
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comment finit la guerre.