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comment finit la guerre.

précautions nécessaires contre les attaques aériennes qui ont fait beaucoup souffrir toutes les troupes, surtout les troupes montées ; enfin, reconnaître rapidement le moment délicat où la résistance ennemie se renforce notablement, et passer alors de l’offensive à la défensive.

Du côté des armées alliées, les événements avaient amené d’utiles réflexions. Depuis la fin de 1917, les armées françaises, en effet, avaient envisagé presque uniquement la lutte dans les positions fortifiées ; les méthodes d’attaque et de défense avaient été revues et mises au point et des instructions très claires avaient coordonné en des textes aussi simples que possible la mise en œuvre de tous les moyens si compliqués de la guerre de tranchées. En particulier, la défense en profondeur était formellement prescrite, avec un échelonnement correspondant des troupes et de l’artillerie ; c’est le haut commandement qui détermine « la ligne principale de résistance. » Il manquait à ces instructions l’étude de la situation qui s’était rencontrée le plus souvent dans les dernières opérations : le débarquement d’unités rapidement transportées en camions automobiles, leur déploiement en terrain libre, leur prise de contact avec un ennemi dont la situation est mal connue, et le combat en rase campagne ; puis l’occupation d’une position sommairement reconnue et jalonnée par des procédés de fortune ; enfin l’échelonnement d’infanterie et l’appui d’artillerie que commandent de telles circonstances. Quelques manœuvres avaient bien permis à certains commandants de corps d’armée d’amener leurs cadres à réfléchir a ces situations et les troupes a s’y mouvoir ; mais c’était là l’exception. Au début des opérations, les troupes françaises révélèrent les lacunes de leur instruction, qu’elles durent compléter au combat : l’ennemi est un bon professeur, mais ses leçons coûtent cher.

Cependant, malgré des tâtonnements inévitables, l’ennemi était arrêté, grâce au commandement du général Foch et grâce à la rapide compréhension et à l’admirable ténacité de tous. Dans l’improvisation des manœuvres et des transports, les états-majors alliés s’étaient multipliés. Des réserves se constituaient par l’action du commandement unique. La 5e armée Micheler était retirée du front de Champagne, la 10e armée Maistre revenait d’Italie avec quatre divisions toutes fraîches. Le 3 avril, le général Foch, avant même que le front eût pris son équilibre,