anglaise, l’armée allemande se heurtait aux mêmes difficultés ;
l’allure du barrage roulant était donc réglée à l’avance suivant
la vitesse de marche à laquelle on pouvait supposer que progresserait l’infanterie, d’après le terrain et ce que l’on connaissait
des défenses ennemies. La vitesse moyenne était d’un kilomètre
à l’heure, et, quand l’infanterie aurait atteint la portée extrême
des pièces, elle devrait progresser sans autre appui d’artillerie
que celui des quelques canons qui l’accompagnaient ; les divisions de première ligne devaient mener le combat pendant plusieurs jours, et les ordres prévoyaient que l’avance serait le
premier jour de 8 kilomètres, le second de 12, le troisième de
20. Il faut constater que ces ordres ressemblent, d’une manière
frappante, en ce qui concerne la progression, à ceux des États-majors français en 1917 ; mais la différence capitale est dans la
préparation qui, au lieu d’essayer des destructions systématiques
et minutieuses, demandant plusieurs jours de tirs bien réglés,
se contente d’un martelage violent et brutal et se fie à l’effet de
gaz toxiques pour neutraliser les batteries et enfermer les
hommes dans leurs abris. Cette méthode comporte un certain
risque, car il arrivera forcément que des parties assez importantes de la ligne ennemie resteront en état de se défendre et
d’arrêter la progression. Il faut donc que l’attaque se prononce
sur un front très étendu pour qu’elle puisse submerger les résistances ; qu’elle dispose de moyens extrêmement puissants, capables
de produire en quelques heures des effets de destruction permettant à l’infanterie de passer.
Toutes ces conditions étaient réunies le 21 mars, lorsque, à quatre heures du matin, l’artillerie allemande ouvrit le feu sur un front de 70 kilomètres, entre Croisilles et la Fère.
Des déserteurs avaient prévenu la 5e armée anglaise du jour et de l’heure de l’attaque. Aussi le général Gough avait-il commencé le feu dès la veille sur Saint-Quentin, sans amener la riposte de l’artillerie allemande qui se ménageait. À 9 heures du matin, l’attaque d’infanterie sortait des tranchées, protégée par un brouillard épais qui dura jusque dans l’après-midi. À droite, devant la 3e armée Byng, la XVIIe armée von Below enleva la première position, mais fut arrêtée devant la deuxième, son barrage roulant ayant continué son avance que