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REVUE SCIENTIFIQUE

L’ÉNIGME MARTIENNE


Les rares personnes à qui les durs problèmes de l’heure présente laissent le goût et le loisir de lever parfois les yeux vers le ciel nocturne peuvent y apercevoir en ce moment, — lorsque les nuées n’y opposent pas leur veto, — un astre assez remarquable. C’est une sorte d’étoile, visible presque toute la nuit au-dessus de l’horizon méridional, et qui, se levant aux environs du coucher du soleil, passe au plus haut de sa course, c’est-à-dire au méridien, vers le milieu de la nuit. À ce moment-là cet astre est à une trentaine de degrés au-dessus de l’horizon, c’est-à-dire à peu près à un tiers de la distance apparente qui sépare l’horizon du zénith. Cet objet céleste qui divague lentement d’une nuit à l’autre dans la constellation de la Vierge est actuellement plus brillant que toutes les étoiles visibles, Sirius excepté. Il se distingue d’ailleurs des étoiles voisines par deux singularités : d’abord par sa couleur d’un rouge orangé très foncé, ensuite parce qu’il ne scintille pas, ce qui lui donne je ne sais quelle apparence de sérénité calme au milieu du tremblotement et de la palpitation sans fin des étoiles voisines. C’est Mars, qui est actuellement celle des grosses planètes dont nous sommes le plus rapprochés.

Ce qui la rend à présent notre voisine, c’est qu’elle est en opposition, c’est-à-dire placée en un point de son orbite qui la met à peu près à l’opposé du soleil par rapport à la Terre. Au contraire, lorsque Mars est en conjonction, c’est-à-dire est placée par rapport à la Terre de telle sorte que le soleil soit à peu près entre lui et nous, la distance qui nous en sépare est alors la plus grande, étant égale à la distance actuelle augmentée du diamètre de l’orbite terrestre, c’est-à-dire de 300 millions de kilomètres.