Au début de l’automne de cette année 1795, un métayer du bourg de La Pouèze, en Anjou, se présenta au quartier général de l’armée royale de l’Ouest, sollicitant un entretien du vicomte de Scepeaux, commandant en chef, et du comte de Chatillon, commandant en second. Il leur raconta qu’il avait recueilli chez lui un enfant se disant fils d’un châtelain de la rive gauche de la Loire, le baron de Vesins, disparu depuis la déroute de l’armée vendéenne, en 1793. Le paysan de La Pouèze, exposant qu’il n’était pas assez riche « pour traiter cet enfant comme le voulait sa naissance, » demandait qu’on lui trouvât un refuge où il serait reçu et hébergé d’une manière plus conforme à son rang. MM. de Scepeaux et de Chatillon s’intéressèrent tout de suite au sort de ce petit abandonné et dépêchèrent un de leurs aides de camp, Charles de Turpin, au château d’Angrie qu’habitait la vicomtesse de Turpin de Crissé, sa tante, pour la prier de recevoir « le jeune Vesins », et de le garder chez elle jusqu’à ce qu’il retrouvât sa famille. Mme de Turpin y consentit volontiers et chargea aussitôt son homme de confiance, Moulard, d’aller chercher au quartier général l’enfant, qui arriva au château d’Angrie le jour même.
La vicomtesse de Turpin de Crissé était une femme d’un haut caractère, « douée de beaucoup d’énergie, de courage etÁ
- ↑ Voyez la Revue des 1er et 15 décembre 1919, 1er janvier, 1er février, 1er et 15 mars 920.