souvent que celui d’une classe ou d’un type prédominant dans la vie sociale et politique du pays, par-là plus visible, et tenu pour représentatif. Les dernières conquêtes de la démocratie ont pour effet d’amener à la lumière une Angleterre nouvelle, annoncée aux dernières élections législatives par la présence de huit millions d’électeurs dont les pareils n’avaient jamais voté. Il ne semble pas que cette Angleterre, celle des mineurs de l’Ouest, des syndicats, du Labour (et il ne faut pas oublier la nuance spéciale qu’y ajoutera la nouvelle activité politique des femmes), soit du type qui passait hier encore, et depuis si longtemps, pour essentiellement et immuablement anglais. Celui-ci, d’origine aristocratique, rurale, se personnifiait jadis en une résistante et volontaire figure de squire ou de fermier. Il s’était plus ou moins conservé par l’effet de son prestige, reconnaissable aux tendances de l’éducation. Préparée par cent ans d’intense vie citadine, industrielle, l’âme que met au jour un long travail démocratique, et dont l’ébranlement de la guerre hâte l’apparition, parait plus grégaire et plus ardente, plus féminine et plus instable.
Parmi les traits spirituels du type qui semble passer, et que Kipling tient encore pour spécialement anglais, il en est qu’on peut attribuer à l’action prolongée d’une certaine culture religieuse. Ce n’est pas en vain qu’un peuple a pratiqué pendant trois cents ans les disciplines de cette variété du christianisme qui, insistant si fort survies menaces d’éternel châtiment, a le plus sévèrement enseigné que chaque âme est seule devant Dieu, et que son salut dépend, non du rite, mais de son énergique effort sur soi-même, de son application personnelle et persistante à se réformer suivant la Loi.. En Allemagne, un tel principe de culture n’a pu pleinement s’exercer. Il se composait mal avec une certaine servilité atavique ; et la tendance de l’État à s’annexer l’absolu de Dieu en a dévié l’action. Mais en pays anglo-saxon, il a donné tous ses effets. C’est là que l’idée de la conquête et de la surveillance de soi est si vivante, que les entreprises de réforme morale par l’entraînement mutuel et l’association des volontés actives ont apparu d’abord, et se sont le plus largement développées, — que les chefs responsables peuvent le mieux compter, en cas de besoin public, sur l’appel à la conscience, dont les commandements ne se confondent pas avec ceux de l’honneur. Cette puissance de l’idée