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Mais ce plan en six articles ne suffit pas au professeur de Cambridge. Il a en vue bien d’autres « améliorations » au traité qui lui a mis la plume à la main, et qui excite au plus haut degré sa verve vengeresse :

1° Il entend que les Alliés abandonnent le droit qu’ils ont de réclamer du charbon. La seule obligation qu’il consente à maintenir est celle qui consisterait, pour l’Allemagne, à livrer, pendant dix ans, a la France, une quantité de bouille égale à la différence entre le tonnage que les mines du Nord et du Pas-de-Calais fournissaient avant la guerre et leur production au cours des dix années à venir. Celle obligation elle-même disparaîtrait si le plébiscite à intervenir enlevait à l’Allemagne les districts houillers de la Haute-Silésie ;

2° L’arrangement relatif au bassin de la Sarre serait annulé. Au bout de dix ans, les houillères et tout le territoire feraient inconditionnellement retour à l’Allemagne. L’usage même des houillères ne serait concédé à la France que si elle s’engageait à livrer à l’Allemagne, pendant ces dix années, au moins 50 pour cent du minerai de fer lorrain qu’elle lui vendait avant la guerre ;

3° En ce qui concerne la Haute-Silésie, le vote aurait lieu comme il est prévu au traité ; mais le sort du pays serait réglé, non seulement d’après le vœu exprimé par les habitants, mais aussi conformément aux conditions économiques et géographiques, c’est-à-dire que les districts houillers devraient rester allemands, « à moins d’une volonté formelle des populations. » Nous nous perdons en conjectures sur la signification de ce dernier membre de phrase : M. Keynes entend sans doute revenir sur les décisions du suffrage universel, si elles étaient contraires à la domination allemande ;

4° La commission du charbon, organisée par les Alliés, deviendrait une annexe de la Ligue des Nations ; elle devrait comprendre des représentants de l’Allemagne, des autres États du Centre et de l’Est de l’Europe, des neutres du Nord et de la Suisse ;

5° Une Union douanière du libre échange serait établie, sous les auspices de la Ligue des Nations, entre peuples s’engageant à ne pas mettre de droits protecteurs sur les importations provenant de l’Union. L’Allemagne, la Pologne, les États composant l’ancienne Turquie et l’ancienne Autriche, les États mandatés, c’est-à-dire placés sous l’administration d’une grande puissance désignée à cet effet, s’engageraient pour dix ans à faire partie de cette union.