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comment finit la guerre.

combat devenait, disait-on, difficile. À la Chambre des Députés, la Commission de l’Armée transmettait en décembre au gouvernement un rapport de M. Violette dont elle appuyait les conclusions : « Si nous sommes prudents, c’est dès la fin de février que nous reprendrons les opérations actives… L’initiative de la grande bataille est une question de vie ou de mort pour la France. »

C’est dans ces conditions que le général Nivelle prit le commandement des armées françaises, pour exécuter les opérations décidées par les gouvernements alliés, concertées par les États-Majors de l’Entente, et dont la forme avait été déterminée par une instruction générale de son prédécesseur. Il jugea que le front d’attaque pouvait être légèrement étendu, et qu’il y aurait grand avantage, pour la progression de l’offensive en Champagne, à s’emparer du Chemin des Dames, position formidable qui avait des vues sur toute la plaine et lui assurait une tête de pont sur la rive droite de l’Aisne. En outre, l’attaque de la Somme et celle de l’Aisne devaient être simultanées et non successives comme dans le plan précédent.

L’offensive anglo-française dans le Nord devait commencer par une large rectification du front anglais. Sir Douglas Haig devait attaquer sur Vimy avec sa première armée, en même temps que les 3e et 5e réduiraient la poche laissée entre Arras et Bapaume par les succès de 1916. Puis une action d’ensemble serait prononcée en liaison avec le groupe des armées françaises du Nord, qui devait opérer entre la Somme et l’Oise ; le général d’Espérey avait remplacé le général Foch dans ce commandement.

Sur l’Aisne, l’offensive française devait s’étendre de Vailly à Reims ; consulté par le nouveau général en chef au sujet de l’offensive projetée, le général Pétain avait formulé très franchement des critiques qui rendaient difficile son emploi dans la réalisation du projet ; le général Nivelle en confia la préparation au général Micheler, qui se montrait à ce moment très partisan d’une offensive rapide et brutale. La 5e armée Mazel, qui occupait le front d’attaque depuis 1914, se resserra sur sa droite pour faire place à la 6e armée, dont le général Mangin venait de prendre le commandement ; la 10e armée Duchesne était maintenue en réserve pour l’exploitation du succès après la rupture du front.