Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.


REVUE LITTÉRAIRE

DEUX ROMANCIERS DE LA VIE SIMPLE[1]


Cette chronique aura l’air un peu manichéen, si je la consacre à l’auteur du Poète Rustique et à l’auteur de L’équipe, l’un qui a peint la vie soumise à la divine Providence, l’autre la vie excitée par le Diable ; l’un qui nous montre un saint homme dans sa famille, et l’autre des apaches dans les rues nocturnes, les bars et les mauvais endroits. Ces deux œuvres ont de vifs contrastes et des mérites bien différents ; elles ont des analogies, et des infirmités presque pareilles.

Ce n’est pas un « poète rustique, » c’est un poète nommé Rustique, ou surnommé ainsi, que nous présente M. Francis Jammes. Ses concitoyens l’ont baptisé Rustique. « Il est assez trapu. Sa face est d’un faune, dont la barbe emmêlée retient, au passage des haies, telle qu’une toile d’araignée, des brindilles de feuilles et de pétales. Il est coiffé d’un béret, vêtu d’un costume marron, chaussé de souliers et de guêtres crottés. Le chien qui le précède est beau. » Voilà son portrait : celui d’un robuste quinquagénaire, qui revient de la chasse. Qui est-ce ? « Les vrais nom et prénom m’échappent, » dit M. Francis Jammes.

Mais, un jour, le poète Rustique se souvient de sa destinée. Il se rappelle son arrivée dans ce pays où il demeure depuis l’année 1888,

  1. Le poète Rustique, par M. Francis Jammes (Mercure de France) ; — L’Équipe, par M. Francis Carco (Émile-Paul). Du même auteur, Les innocents (Renaissance du livre) ; Scènes de la vie de Montmartre (Fayard) ; Bob et Bobette s’amusent (Albin Michel).