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REVUE DRAMATIQUE


COMEDIE-FRANÇAISE. — Le Repas du Lion, pièce en quatre actes (version nouvelle), par M. François de Curel.


M. François de Curel a entrepris un travail d’un haut intérêt et qui témoigne de la plus belle conscience d’artiste. Sollicité de publier son théâtre complet, il ne se borne pas à accompagner chaque pièce d’un historique où il expose la genèse de l’œuvre, l’idée d’où elle est née, l’accueil qui lui a été réservé. Il se fait son propre critique, et mettant à profit le temps écoulé, qui lui permet d’apercevoir son œuvre avec des yeux changés, il corrige, il défait, il refait, et donne de chaque pièce une version nouvelle souvent fort différente de l’ancienne. Alexandre Dumas fils a mis à ses pièces les éblouissantes préfaces que l’on sait ; mais les pièces, à l’exception de l’Ami des femmes, restaient conformes à la représentation. Emile Augier a refait l’Aventurière, mais il n’a refait ni le Gendre de M. Poirier, ni les Lionnes pauvres. C’est à peu près tout son théâtre que remanie M. François de Curel. La comparaison des deux textes, que séparent quelque vingt années, sera pour les amateurs de théâtre un divertissement des plus suggestifs. Nous pourrons quelque jour y revenir. Aujourd’hui, bornons-nous au Repas du Lion qui vient d’entrer à la Comédie-Française sous sa forme nouvelle.

C’est son troisième avatar. D’abord écrit et publié en cinq actes, le Repas du Lion fut représenté en quatre actes en 1897. C’est encore en quatre actes qu’on le joue, mais les quatre actes de la Comédie-Française ne correspondent pas aux quatre actes du Théâtre Antoine. Les deux premiers ont été fondus en un seul. Quant au quatrième, il est entièrement nouveau… Et ce n’est pas aussi compliqué qu’on pourrait croire.

Donc, un jour d’été de 1890, M. François de Curel rêvait au bord