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Or, le coton est loin de constituer le seul bénéfice de l’Egypte, qui exporte encore une foule d’autres produits, sucre, riz, peaux, etc. On peut s’en rendre compte en consultant la balance commerciale qui n’a cessé, depuis la guerre, de marquer d’importants excédents. Les exportations des années 1917-1918 ont dépassé 40 millions de livres, et il est probable que, cette année, ce chiffre va être notablement supérieur. Dans cet heureux pays, le budget, loin de se solder par des déficits, se règle chaque année par des excédents. En 1916, cet excédent était de 1 200 000 livres, en 1917 il était encore de 350 000 livres, véritable exception dans le concert des pays ruinés par la guerre ! Malgré tout, ce budget ne cesse d’augmenter ; celui de cette année dépasse 28 850 000 livres, en augmentation de 5 600 000 livres sur l’année précédente. Bref, on a calculé qu’au cours des hostilités l’enrichissement monétaire du pays n’avait pas été inférieur à 100 millions de livres (cinq milliards de notre monnaie), Ce prodigieux enrichissement s’est encore accentué l’année dernière. Le Nil, véritable Pactole, a versé l’abondance tout le long de son lit, n’oubliant aucun fellah, depuis le gros propriétaire jusqu’au plus petit agriculteur.

Il est possible de suivre partout les conséquences de cet afflux d’or. La circulation fiduciaire, qui n’était que de 2 700 000 livres en 1913, est passée à 30 800 000 livres en 1917, et à 45 millions en 1919. Elle est actuellement de 65 à 70 millions de livres. Il ne s’agit pas, comme en France, d’une inflation due à la dépréciation du billet. Ceux de la « National Bank of Egypt » sont bien le signe incontestable d’une vraie richesse. Ils ont leur contre-partie dans les réserves de coton accumulées dans les magasins de Minet-El-Bassal. Cette richesse s’est encore traduite par d’importants rachats de titres égyptiens de la dette unifiée ou de diverses sociétés locales, malheureusement fournis en grande partie par la Bourse de Paris… Les bénéfices de la Banque Nationale ont suivi une progression considérable, passant de 286 000 livres en 1914 à 940 000 livres en 1919. Quant aux actions des compagnies égyptiennes, elles ont toutes profité de l’essor du pays. Il n’en est pas qui n’ait marqué des mouvements de hausse très importants. Les établissements hypothécaires et les sociétés foncières sont surtout à prendre comme exemple. Les titres de la « Land Bank of Egypt, » qui valaient 128 francs en 1914, sont aujourd’hui