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LE CENTENAIRE
DES MÉDITATIONS

Dans quelques jours va revenir une des grandes dates de notre histoire littéraire, disons mieux, une des grandes dates de la vie intellectuelle et sentimentale de la France : dans quelques jours il y aura un siècle que les Méditations révélèrent au monde le génie de Lamartine.

Plus tard, le poète aimait à se rappeler le jour sans pareil qui l’avait, d’un coup, précipité dans la gloire.

Le 13 mars 1820, la librairie grecque-latine-allemande, rue de Seine n° 12, avait mis en vente une petite plaquette sans nom d’auteur, intitulée : Méditations poétiques, qui contenait 24 poèmes.

Le succès s’était déchaîné dans les classiques vingt-quatre heures. Le 14 mars, à son réveil, le poète avait reçu une lettre du docteur Alin, transmettant une lettre de la princesse de Talmont, où était inclus un billet du prince de Talleyrand. Le prince, à qui l’on ne connaissait pas une âme aussi poétique, avait lu les Méditations jusqu’à quatre heures du matin, et il disait, à la façon de Napoléon : « Il y a là un homme. » Ce même matin, un quart d’heure plus tard, arrivait la nomination signée de M. Pasquier, qui attachait Lamartine à l’ambassade de Naples. Dans cette même journée merveilleuse du 14, encore, le roi se faisait lire le petit volume et ordonnait à son ministre de l’Intérieur, M. Siméon, d’envoyer, « de sa part » à l’auteur, la collection des classiques français de Didot et celle des classiques latins de Lemaire.

Dans la réalité, les choses allèrent plus doucement, moins