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comment finit la guerre.

sité croissante, la préparation d’artillerie a produit ses effets habituels. Les Allemands sont venus se rendre isolément ou par petits groupes : un pigeon voyageur égaré a apporté le message de détresse d’un commandant de bataillon qui déclare ses troupes hors d’état de combattre. Enfin, à 11 h. 40, l’artillerie allonge son tir et l’infanterie française sort des parallèles de départ. Un brouillard intense a caché son mouvement à l’ennemi, qui n’ouvrira le feu que 12 minutes après l’instant de l’assaut, alors que les deux premières vagues ont franchi ses tranchées. Elle atteint en une heure son premier objectif. Elle s’y organise très rapidement. Dans l’ordre initial, cette pause devait être d’une demi-heure ; le commandant du groupe d’armées, jugeant prudent de s’asseoir fortement sur la position dont la conquête était à peu près certaine, avait insisté pour qu’elle fût beaucoup plus longue et l’avait fait, après discussion, fixer à deux heures. Mais le bombardement du fort avait été très efficace ; un projectile de 420 avait déterminé une explosion suivie d’incendie ; on pouvait penser qu’il y avait grand avantage à se hâter pour profiter du désarroi : aussi le général Mangin avait-il fixé à une heure le temps d’arrêt et en rendit compte.

La 38e division Guyot de Salins forme la gauche. Son régiment colonial du Maroc pénètre dans le fort de Douaumont, évacué la veille sous la menace d’explosion, et où les Allemands commençaient à revenir et à installer leurs mitrailleuses ; mais la marée montante des assaillants les submergea. Au centre, l’élan de la 133e division Passaga, — la Gauloise, — avait enlevé tous les obstacles et elle s’était établie entre l’angle Nord-Est de Douaumont et l’étang de Vaux. À droite, devant le front de la 74e division Lardemelle, la préparation d’artillerie avait été insuffisante sur certains centres de résistance et la progression était plus difficile. Une artillerie plus puissante, devenue disponible, écrasa la calotte du fort ; des pièces longues enfilèrent les casemates, dont la face tournée vers Verdun était simplement maçonnée au lieu d’être bétonnée ; enfin l’avance dans la direction de Douaumont permit de mettre des pièces de campagne en batterie au seul emplacement d’où elles pouvaient battre les pentes très raides à l’Est du fort, dont elles coupaient ainsi les communications. La pression de l’infanterie continuait après la relève de la division Lardemelle par la 9e division Andlauer ; l’ennemi évacua le fort