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comment finit la guerre.

permettre une circulation intense des camions automobiles ; d’autre part, le Meusien, chemin de fer à voie étroite, avait été très amélioré. En fait, toutes les précautions étaient prises par les états-majors pour approvisionner largement l’armée toute prête à secourir Verdun, qui va se porter en ligne et qui ne manquera jamais ni de vivres, ni de munitions. Mais le général Herr, qui commande la région fortifiée, n’a à sa disposition sur les deux rives de la Meuse que neuf divisions d’infanterie et six régiments d’artillerie lourde.

Il a devant lui en première ligne dix-sept et bientôt dix-neuf divisions, appuyées d’un déploiement d’artillerie jusqu’alors inégalé. Le front allemand reste inerte depuis de longs mois. À cette période de la guerre et pendant longtemps encore, on considérait comme nécessaire de placer la troupe d’attaque à distance d’assaut, 200 mètres ou 250 mètres, abritée dans des parallèles de départ, afin de raccourcir le plus possible l’espace à parcourir en terrain découvert, tout en lui épargnant les coups trop courts de son artillerie pendant la destruction des tranchées et des défenses ennemies ; l’assaillant a pris soin de ne pas révéler ses intentions par l’établissement de ces parallèles, et il reste dans sa ligne, éloignée parfois de 800 mètres de la ligne française, car aucun défenseur n’y sera en état de tirer après le bombardement inouï qui est préparé, et les batteries françaises, détruites ou désorganisées, ne seront plus à craindre.


Le 21 février à 7 h. 15, le bombardement commençait contre tout le front Nord de la région fortifiée, de Malancourt aux Éparges, — 22 kilomètres, — sur les deux rives de la Meuse. La destruction des premières et deuxièmes positions et celle des batteries se poursuivent simultanément par les calibres moyens (150 et 210) ; celle des ouvrages fortifiés par les gros calibres (280, 305, 380, 420) ; le tir est particulièrement intense entre la Meuse et la Woëvre. — Les tranchées et les boyaux sont à peu près nivelés, les fils de fer ont disparu. Les cratères creusés par l’explosion des gros projectiles donnent à tout le paysage un aspect lunaire, nouveau à ce moment, et qui deviendra vite familier. À 16 h. 45, entre le bois d’Hautmont et Herbebois, sur un front de 4 kilomètres, l’attaque d’infante-