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cinq fois ! (d’autres disent six fois). La première fois, etc… (suit l’antienne connue sur la bataille de la Marne). La seconde, quand nous sommes entrés dans le grand jeu au moment où les Russes pliaient sous le choc austro-allemand, qui, parce que nous sommes accourus, fut allégé, dévié, interrompu. » Nous ne nous arrêterons pas à ces exagérations, fruits d’une imagination qui transforme en sauvetage chacun des services rendus par l’Italie à ses alliés, mais sans user de réciprocité bien entendu. Ramené à ses justes proportions, l’avantage occasionnel qui est résulté, pour les Russes et pour nous, des circonstances dans lesquelles l’Italie est entrée en guerre, n’en reste pas moins appréciable et apprécié.

Le résultat positif de son intervention aurait pu, immédiatement et par la suite, être encore accru, si son offensive initiale avait été couronnée d’un plein succès. Cette offensive visait à atteindre Trente, Gorizia et Trieste, en s’emparant des positions qui commandent ces trois villes. Réussissant, elle eût mis l’Italie en possession, non seulement de gages importants, mais surtout des régions d’où partent les voies d’invasion par lesquelles il est possible de menacer l’Autriche au cœur.

Malheureusement, elle n’a pas obtenu tout le succès escompte, et son échec partiel a condamné l’armée italienne à l’infériorité des positions à peu près sur toute l’étendue d’un front extrêmement long et sinueux, qui ne pouvait être tenu qu’avec beaucoup de monde, d’autant plus de monde que le ravitaillement en montagne est plus difficile. De là, pour les Italiens, des conditions de combat la plupart du temps ingrates. De là aussi, à leur détriment d’abord, à celui de leurs alliés aussi, une diminution relative de leur coefficient d’action. Mais, même réduit par cette sorte de « handicap, » le bénéfice pour nous de l’intervention italienne est loin d’en avoir été anéanti. Un manque à gagner n’équivaut pas, tant s’en faut, à une perte sèche.


VII. — LE FRONT ITALIEN

Pendant trois ans et demi, le front italien a rempli avec une efficacité variable, mais jamais sans efficacité, sa fonction dans le mécanisme des divers fronts alliés, dont l’entre-aide a fait la commune victoire.