Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/723

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de pêche que la guerre m’a fait perdre ou qu’elle a endommagés et vous devez me les remettre dans un délai de deux mois après l’entrée en vigueur du traité. — Vous me voyez toute prête à vous être agréable, répond l’Allemagne, mais j’ai grand, besoin de ma flotte de commerce, et je voudrais causer un peu avec vous. »

« Vous devez, dit l’Entente, livrer, sur leur demande respective, aux Puissances signataires les quantités de charbon et de dérivés de charbon définies à l’annexe V de la partie VIII. — Sans doute, mais il faut bien que j’alimente mes usines et que je restaure mon industrie. — Et moi ? remarque la France, ne suis-je donc pas exposée à mourir de langueur si mes fourneaux s’éteignent, si mes transports s’arrêtent, si le sang s’épuise dans mes veines et si peu à peu la circulation s’y ralentit ? — Rendez-moi d’abord la santé, répond l’Allemagne, et laissez-moi me chauffer la première. — Commencez au moins par désarmer, réplique l’Entente. Nous voici au 31 mars 1920. À cette date, d’après l’article 160, vous ne devriez plus avoir que sept divisions d’infanterie et trois divisions de cavalerie ; la totalité de vos effectifs ne devrait pas dépasser cent mille hommes ; et vous n’auriez droit qu’à 204 pièces de 77 et à 84 obusiers de 105. Nous vous avons déjà laissé dépasser ces chiffres et maintenant vous en êtes loin. Vous avez douze mille cinq cents canons et, si nous sommes bien renseignés, vous conservez, outre les deux cent mille hommes de la Reichswehr, d’innombrables corps de volontaires, de gardes urbains, de gardes ruraux, et vous avez ainsi plus de deux millions de vrais soldats, tous armés de fusils, de mitrailleuses et de minenwerfer. — Notre pays est si troublé ! Nous sommes bien forcés d’y maintenir l’ordre. — Mais c’est précisément dans ces troupes supplémentaires et dans ces milices diverses que les auteurs du coup d’État militaire et les meneurs spartakistes ont, les uns et les autres, trouvé les forces dont ils se sont servis contre le gouvernement régulier de l’Allemagne. — Raison de plus pour que maintenant, nous ne puissions plus démobiliser. Nous sommes même aujourd’hui forcés par les circonstances de vous demander l’autorisation de pénétrer dans la zone neutre pour rétablir la liberté du travail dans le bassin de la Ruhr. Autrement, demain ou après, ni vous, ni nous, nous n’aurions plus de charbon. — I, "article 43 vous interdit cette occupation et l’article 44 stipule qu’elle constituerait, de votre part, un acte d’hostilité. — Loin de nous l’idée de vous être hostiles. C’est dans votre propre intérêt que nous violons l’article 43. Nous sommes, du reste, déjà installés dans la zone neutre. Nous en sortirons plus tard. — Donnez-nous, au moins, quelques