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raison de se laisser influencer par leurs intimidations. L’extrême facilité avec laquelle le Ministère qui lui a succédé a fait accepter par l’opinion publique la déclaration de guerre à l’Allemagne, démontre la vanité des hésitations qui l’ont retardée de quinze mois. Mais les Alliés ont été plus équitables dans l’appréciation des motifs de ces hésitations gouvernementales, que ne le sont aujourd’hui ceux qui en ont été responsables. Au lieu de prendre acte des retards mis par le gouvernement italien à satisfaire à l’une de ses obligations, ils ont préféré continuer à travailler, diplomatiquement, à en obtenir l’exécution, dont le principe n’a du reste jamais été contesté, et dont la date seule était ajournée. Ils ont eu raison. Dans cette action diplomatique, où ils ont trouvé chez M. Sonnino, partisan déclaré de la déclaration de guerre, le partenaire le plus résolu à aboutir, ils n’ont jamais eu recours, si peu que ce fût, aux procédés arrogants, vexants et par surcroît maladroits, que la Stampa leur attribue après coup.

La déclaration de guerre de l’Italie à l’Allemagne, à laquelle il aurait dû être procédé en même temps qu’à la déclaration faite à l’Autriche, qui aurait pu ensuite être fondée sur certains actes d’hostilité de la part des Allemands, a fini par sortir, graduellement, par étapes, de mesures économiques dont on aura l’occasion de parler, et d’un conflit sur la situation des Italiens en Allemagne. A la date à laquelle elle s’est produite, rompant les ponts entre deux pays dont l’un avait été fortement pénétré par l’autre, elle nous a encore été d’un considérable bénéfice moral et matériel.


VI. — L’ENTREE EN GUERRE

Pratiquement, la guerre de l’Italie ne pouvait être, au début surtout, dirigée que contre l’Autriche.

Mais l’entrée en jeu des forces italiennes contre cette puissance devait permettre à la Russie de retirer des troupes du front autrichien, pour les reporter sur le front allemand. Par suite, les Allemands devaient être obligés de renforcer leurs effectifs sur le front russe, donc de diminuer leurs disponibilités sur le front français. Tel est l’avantage que comportait pour les Alliés la participation italienne à la guerre.

On en trouve l’indication dans l’article premier de la