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Mauretania, que de la chauffe au pétrole et non pas des moteurs à combustion interne, où il n’est plus question de chauffe, puisqu’il n’y a plus de chaudières.

En tout cas, il faut reconnaître que cette raison de l’économie de main-d’œuvre vient singulièrement à propos, à l’heure présente. Je ne vais pas, à ce sujet, entreprendre de démontrer aux lecteurs de la Revue ce qu’ils savent fort bien, que de la solution de cette question, envisagée en général, dépend, non seulement notre relèvement économique, mais aussi la paix sociale. Il faut nous résoudre à développer le plus possible et partout le machinisme, puisque nous avons perdu des centaines de mille d’ouvriers et que ceux qui restent ne paraissent pas disposés à travailler davantage pour remplacer les disparus. Et il est clair que ceci est d’application immédiate dans notre marine marchande, industrie considérable, essentielle entre toutes à la vie nationale et qui a particulièrement souffert dans ces dernières années. N’avons-nous pas, par surcroit et avec une étrange inconscience, accepté d’adapter, par une loi spéciale, le système « des trois 8 » au fonctionnement du service à bord de nos paquebots et « cargos, » ce qui nous oblige, au prix de quelles difficultés ! à augmenter de près d’un tiers le personnel de ces bâtiments ? Nous sommes d’ailleurs les seuls, quoi qu’on en ait pu dire, à commettre de telles bévues ; et les conséquences de cet isolement s’étendent fort loin.

Tant y a que ce serait rendre un grand service à l’armement et, par répercussion, au pays tout entier, que de prendre dès maintenant les mesures qui permettraient d’édicter à bref délai l’obligation de ne plus mettre en service que des navires munis de moteurs à combustion interne. C’est à l’Etat qu’il appartient de prendre des décisions préparatoires dont la plus urgente doit être la mise au concours de machines de l’espèce en vue d’expériences pratiques poussées à fond. Il y a là, avec un champ d’action fort étendu et d’une capitale importance, le sujet d’études communes entre les deux organismes autrefois réunis, aujourd’hui séparés, — sans qu’on sache bien si les intérêts de la nation y ont vraiment trouvé leur compte, — de la marine de guerre et de la marine marchande.

Une observation encore : on pourrait craindre que la perspective de ces « économies de personnel » fût mal accueillie par les syndicats maritimes et particulièrement par les