Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/674

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaudières à vapeur. Voilà, en tout cas, de nouvelles centaines de mille hommes employés…

Avec le combustible liquide, les conditions de production, de répartition et d’emploi sont tout autres et singulièrement avantageuses : plus de mine ; un forage, après lequel, ou bien le pétrole jaillit à la surface, ou bien on l’y amène au moyen de pompes ; d’une manière ou de l’autre, peu de personnel employé. M. Houllevigue nous dit, dans Le progrès civique, que tel puits du Mexique, qui produit cent mille barils par jour, occupe moins de cinquante ouvriers. « Des pompes et des canalisations amènent l’huile brute aux usines de distillation, ajoute le savant professeur ; là, automatiquement et presque sans personnel, la séparation se fait entre les essences, les huiles de graissage, les mazouts, la vaseline, la paraffine et les ultimes résidus solides, encore combustibles, qui servent à chauffer les appareils distillatoires. »

Ce n’est pas tout : grâce à cette heureuse propriété des liquides d’obéir avec une extrême facilité à la loi de la pesanteur, on peut faire intervenir dans le remplissage des grands récipients destinés au transport du pétrole, — navires-citernes, bateaux-tanks, wagons-réservoirs, etc. — le système des canalisations ou « pipe-lines, » tuyautages de section plus ou moins large et de longueur très variable, plusieurs centaines de kilomètres, par exemple. Ce sera justement le cas du « pipe-line » du Havre à Paris dont on nous promet pour l’année prochaine la mise en service. Seulement là, précisément, on ne peut plus bénéficier d’un écoulement naturel dû à la pesanteur, l’altitude de Paris étant supérieure à celle de son grand port maritime. Il faudra donc de puissantes pompes aspirantes, ce qui complique l’affaire. Notons d’ailleurs qu’il s’agit du mazout, huile lourde et visqueuse, dont l’adhérence aux parois du tube sera sensible. Enfin on sera obligé de parer au grave inconvénient, en hiver, de la congélation de ce liquide plus ou moins sirupeux. Il y a donc lieu de prévoir des« stations de réchauffage. »

Ces difficultés seront vaincues. En tout état de cause et d’une manière générale, ce n’est plus seulement d’économie de main-d’œuvre qu’il s’agit ici, mais d’économie d’engins de [1]

  1. Le nombre des calories, très variable suivant les espèces de combustibles envisagés de part et d’autre, est, en moyenne, de 10 500 à 11 600 pour le pétrole et de 7 000 à 8 600 pour le charbon.