Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/665

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
PÉTROLE ET LA MARINE

La crise du charbon atteignant tout particulièrement Paris, « notre grande ville, » on s’est beaucoup occupé, dans ces derniers mois, du combustible liquide, combustible de remplacement de la houille. Et quand il a été question de la chauffe au mazout des locomotives, on a fort justement rappelé que ce ne serait pas une nouveauté : en 1869, déjà, l’expérience avait été faite, et même avec succès. S’il arrivait jamais chez nous que les chroniqueurs se tournassent spontanément vers la marine, ils y eussent découvert que, cinq années auparavant, une canonnière fluviale appelée le Puebla chauffait au pétrole. Et c’était à la grande joie des badauds parisiens, car le Puebla stationnait au pied du pont de la Concorde, comme, il y a quelques mois, le sous-marin que tout le monde a visité.

Mais, bien mieux, la canonnière de 1864 était commandée par un lieutenant de vaisseau dont le nom est bien connu et qui marqua dans la défense de Paris, M. Farcy. C’était un officier de valeur, tout jeune encore, — il avait trente-quatre ans, — un officier « qui avait des idées. » Il le prouva en proposant le type de la canonnière cuirassée qui porte son nom. Je n’oserais pas dire que « d’avoir des idées, » ce fût, à cette époque, déjà, une excellente recommandation auprès des bureaux que l’on aperçoit justement du pont de la Concorde. Mais le souverain d’alors, qui était, lui aussi, un homme à idées, — pas toutes bonnes, malheureusement, — s’intéressait au lieutenant de vaisseau Farcy. N’examinons pas si celui-ci ne fut pas embarrassé de ce souvenir, lors de « l’année terrible. » Cela nous entraînerait trop loin.