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Blancs fantômes métalliques,
Dressés sur leurs destriers,
Je crois voir des chevaliers
Passer, hérissés de piques.
Et plus grand qu’eux tous, dans l’ombre qui
Suivi d’Alcuin, parait Charlemagne.


SOLEIL PALE


Un pâle soleil,
Frère du sommeil.
Colore à regret l’épaisseur des mousses,
 
Amantes du thym.
Lourdes de butin.
Voltigent sans fin les abeilles douces.
 
J’écoute, charmé,
Dans l’air embaumé.
Leur labeur ailé, leur chant monotone.

O cieux sans éclat.
Quel repos est là !
Ce n’est plus l’été, ce n’est pas l’automne.

Les ronciers, si durs,
Gonflent leurs fruits mûrs,
Gouttes de miel noir que la guêpe entame.

Un oiseau s’endort.
Sur un rameau d’or ;
La bruyère est rose et rose est mon âme.


* * *


C’est le champs des fées :
Des voix étouffées
Près du mur païen, parlent bas, tout bas.

Vague forme blanche,
Un bouleau se penche,
Frôlé par des doigts que l’on ne voit pas.