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des Paysans, et, malheureusement, je sens d’affreuses douleurs au diaphragme, évidemment causées par le café.

N’importe, le 10, je serai plongé dans cette fabuleuse entreprise. Les entrepreneurs demandent déjà de l’argent. Je ne dors plus d’inquiétudes, et je travaille [pourtant].

La Cousine Bette a un tel succès qu’en allant demander à Mme de Girardin l’adresse de [Nestor] Roqueplan, elle m’a dit que l’on s’occupait d’[en] tirer une pièce. J’ai couru chez lui, et j’ai réclamé mon droit de priorité et de paternité. Je ne me doutais pas de ce qu’était la Cousine Bette. Tu [y] verras des scènes les plus belles que j’aie trouvées jusqu’à présent dans ma carrière littéraire. Cette semaine, j’espère que ton médecin te permettra de lire ou de te faire lire cela.

Il me reste toujours vingt-cinq feuillets environ à écrire sur la Cousine [Bette] et soixante-quinze sur le Cousin [Pons]. Car, tu as raison, je changerai le titre, et l’antagonisme sera mieux compris par : la Cousine Bette, le Cousin Pons.

Le Théâtre-Français vient de m’envoyer nos entrées, et je l’en ai remercié en lui annonçant : l’Éducation du prince.

Il est trois heures du matin. Si ce matin, je fais deux chapitres (seize feuillets), tout sera sauvé, car j’achèverai [le Cousin] Pons en faisant les Paysans. Je garderai le pauvre Pons comme une distraction.


Mercredi [11 novembre].

Hier, j’ai perdu toute ma journée chez Véron, et à attendre le directeur du Constitutionnel pour faire mon compte. J’y retournerai aujourd’hui, car il faut en finir. Il me faut une trentaine de mille francs, je suis impatient de m’appliquer aux Paysans. J’ai cependant encore aujourd’hui trente-sept feuillets à écrire pour terminer la [Cousine] Bette, et soixante-sept pour finir le Cousin Pons. C’est cent feuillets [encore]. Ma santé n’est pas altérée, mais le voyage que nous ferons ensemble sera bien nécessaire. Il me fera tout autant de bien à la santé qu’au cœur.

La maison ne s’achève point et les entrepreneurs deviennent exigeants. Oh ! mon pauvre louloup, combien d’argent il me faut ! Les Parents pauvres donnent vingt-trois mille francs. C’est avalé comme une fraise. Les vingt-cinq mille francs des Paysans passeront comme un feu de paille. J’espère vendre à Souverain cent feuilles de la Comédie Humaine et, si cette