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proprement dite. Après avoir élargi leur accord de décembre 1900, en convenant que l’influence de l’un au Maroc, de l’autre en Tripolitaine et en Cyrénaïque, pourrait être développée librement sans subordination réciproque, ils avaient constaté d’un commun aveu que cette dernière concession ne laissait plus subsister entre eux aucune divergence sur leurs intérêts respectifs en Méditerranée, donc aucun motif d’entrer en conflit armé l’un avec l’autre. Cette constatation les avait alors conduits à préciser leurs rapports généraux et, notamment, à définir leur attitude respective en cas d’agression d’une tierce puissance contre l’un d’eux.

Ils y avaient procédé le 1er novembre 1902, par un nouvel échange de lettres officielles entre M. Barrère et le Ministre des Affaires étrangères d’Italie, M. Prinetti. Le Gouvernement italien prenait L’initiative de déclarer spontanément qu’au cas où la France serait l’objet d’une agression directe ou indirecte de la part d’une ou plusieurs Puissances, il garderait une stricte neutralité. Il s’engageait également à rester neutre dans le cas où la France, par suite d’une provocation directe, se trouverait réduite à prendre, pour la défense de son honneur ou de sa sécurité, l’initiative d’une déclaration de guerre. Il nous donnait encore l’assurance qu’il n’était lié à aucune Puissance par aucun traité ni convention militaire, qui fussent en contradiction avec les promesses enregistrées dans la lettre de M. Prinetti à M. Barrère, et qu’il n’avait pas l’intention d’en conclure de tels. Enfin il spécifiait que ses promesses garderaient leur pleine valeur, tant qu’il n’aurait pas fait savoir au Gouvernement français qu’il avait modifié ses engagements avec de tierces Puissances, autrement dit tant qu’il n’aurait pas expressément dénoncé ses obligations envers nous. De son côté, le Gouvernement français prenait acte des déclarations qui lui étaient faites par le Gouvernement italien, et lui en adressait d’identiques en retour.

Tels sont les accords diplomatiques auxquels méritent de rester attachés du côté français, les noms de M. Barrère et de M. Delcassé, du côté italien ceux du marquis Visconti-Venosta, de M. Prinetti et du marquis di Rudini. Ils ne pouvaient déterminer d’avance avec plus de précision l’attitude à prendre par l’Italie, dans l’éventualité qui s’est réalisée douze ans après la date à laquelle ils ont été conclus