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deux bataillons de chasseurs et quelques groupes d’artillerie lourde, attaquait et prenait Dinant.

On a conclu de ces opérations que la cavalerie ne peut être groupée par grandes unités de cette importance, d’un maniement beaucoup trop pesant, et que pareil emploi de la cavalerie ne se retrouvera plus. Il faut penser bien au contraire que les moyens automobiles permettent à la cavalerie de garder auprès d’elle l’appui qui lui est nécessaire pour vaincre les petites résistances locales improvisées et pour prolonger son effort dans l’espace et dans le temps. Si le corps Sordet avait disposé d’une brigade d’infanterie en camions auto, d’un régiment de 3 bataillons cyclistes, d’un ou deux régiments d’artillerie portée, de quelques groupes d’auto-mitrailleuses et d’auto-canons, de convois automobiles au lieu de ses interminables trains attelés, de T. S. F., d’une forte escadrille d’avions, il aurait certainement gêné beaucoup les opérations du siège de Liège et retardé la marche des troupes allemandes en Belgique. Un tel corps comprendrait plus de fantassins et d’artilleurs que de cavaliers, mais qu’importe ? il permettrait d’occuper rapidement une vaste étendue de pays et de s’assurer les voies de communication et les ressources de toute nature ; un corps ainsi constitué serait un excellent instrument de poursuite qui, renforcé selon les circonstances, empêcherait l’ennemi de se ressaisir. — Malgré l’absence de matériel moderne, la formation du corps de cavalerie Sordet n’est pas à blâmer du côté français, pas plus que la formation des corps de cavalerie von der Marwitz et de Richthofen, qui couvrirent utilement le mouvement initial des colonnes allemandes.

Dinant n’était défendu que par un bataillon et fut enlevé grâce à l’emploi des obusiers lourds dont les projectiles avaient un grand effet moral, surtout dans les lieux habités. Mais le 1er  corps français, qui arrivait précisément à hauteur de Dinant, reprit rapidement la ville et la citadelle. Il s’étendit le long de la Meuse pendant que les deux autres corps de l’armée Lanrezac se portaient vers la Sambre. Le corps Sordet, passant de la droite à la gauche de l’armée Lanrezac, la prolonge vers le Nord-Ouest. Il se heurte le 19 aux têtes de colonnes allemandes et doit battre en retraite. Le 18, l’armée belge se repliait sur Anvers, capitale légale du pays en temps de guerre, centre des approvisionnements militaires, et considéré à ce double titre