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Sir N. Lockyer, explique ces diverses particularités par les températures diderentes qui existent dans les étoiles, à la suite d'expériences aujourd'hui classiques et où il a montré que le spectre d’un même corps présente des variations caractéristiques si on le place successivement dans une flamme, dans l'arc élpctrique et enfin dans l'étincelle électrique qui constituent, comme on sait, des sources de chaleur à températures de plus en plus élevées. Du fait qu'un même corps (un métal par exemple) peut, suivant la température à laquelle il est porté, émettre soit les raies qu'on observe dans l'arc électrique, soit les raies particulières (dites raies renforcées) qu'on observe à température plus haute dans l'étincelle électrique, sir N. Locker a déduit avec une rare hardiesse, que aux hautes températures les corps doivent se dissocier en éléments chimiques plus simples, en protoéléments comme il dit. Les découvertes récentes apportées par l'étude de la radio-activité ont donné une grande vraisemblance à ces vues théoriques que beaucoup crurent chimériques à l'époque où elles furent émises, époque récente pourtant, mais où régnait, presque sans conteste, le dogme de l'immutabilité des éléments chimiques.

Quoi qu'il en soit, établissant un parallélisme hardi entre les variations des spectres observés au laboratoire dans des sources de plus en plus chaudes et celles qu'on constate dans les étoiles, sir N. Lockyer en a conclu que les variations spectrales de celles-ci sont dues aux températures diverses. Et alors on peut résumer de la façon suivante la belle théorie cosmogonique de sir N. Lockyer.

De même que dans les hypothèses de Laplace, de Kant et de presque tous leurs successeurs, on a de nombreuses raisons de supposer qu'une étoile se forme par la condensation progressive d'une matière existant primitivement à l'état diffus dans l'espace. Que cette matière soit gazeuse comme le pense Laplace ou qu'elle existe à l'état de nuages, de particules, de poussières météoriques comme le veut Lockyer, le résultat que voici est le même : sous l'inlluence de la gravitation qui concentre peu à peu cette matière, il se produit, par suite des chocs, fendus ainsi de plus en plus nombreux, des particules ou des molécules entre elles, une élévation de température. L'étoile s'échauffe donc à mesure qu'elle se condense ; mais il existe une limite à cet échauffement et le calcul indique que lorsque la condensation est devenue assez considérable elle ne peut plus se poursuivre qu'avec une extrême lenteur; alors la quantité de chaleur produite par elle devient inférieure à celle que l'astre perd par son rayonnement dans l'espace et l'étoile, après avoir passé par un