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pouvoir se payer lui-même de son propre travail, il doit retirer la somme annuelle pour l’intérêt de son capital et l’amortissement de son matériel, qu’il importe de renouveler assez vite si l’on veut avoir le bénéfice des perfectionnements modernes.

Autant de frais qui s’ajoutent au prix de la main-d’œuvre. Et, à l’heure actuelle, ils sont terriblement plus élevés qu’en 1914. Le charbon coûte de huit à dix fois plus cher, et aussi le salaire du chauffeur autour de ses chaudières, et du mécanicien autour de ses machines. Le loyer de l’usine est devenu plus lourd. L’encre, l’huile, to.us les autres ingrédients ont augmenté de valeur. Le prote et les contre-maîtres ne pouvaient continuer à recevoir les mêmes traitements qu’en 1914, alors que croissaient les salaires de tous les ouvriers. Les correcteurs sont payés au même taux que les travailleurs manuels du Livre. Enfin, le prix des machines, singulièrement alourdi par le taux actuel du change, est quatre ou cinq fois plus élevé qu’avant la guerre.

Plus que jamais, les patrons sont obligés de calculer, de manière précise, le total de ces frais complémentaires qui se sont tant accrus depuis quatre années et d’envisager leurs conséquences pour le prix de revient réel. Nous sommes en mesure de renseigner nos lecteurs sur l’impressionnante augmentation de ces frais qui contribuent à nous expliquer les tarifs actuels de nos imprimeurs, et, par conséquent, le prix élevé des livres.

En ce qui concerne les travaux de composition typographique, les frais généraux qui, en 1914, s’ajoutaient à ceux de la main-d’œuvre, étaient de 35 centimes par millier de lettres composées à la main, de 75 centimes par mille lettres composées à la machine, de 1 fr. 15 pour ce qu’on appelle le « travail en conscience, » de 1 fr. 15 pour les travaux de ville (factures, lettres de commerce, programmes, etc.), de 1 fr. 75 à 2 francs pour les travaux de luxe (catalogues soignés, invitations, etc.).

En 1918, les mêmes frais accessoires étaient passés à 0 fr.55, 1 fr. 21, 1 fr. 55, 2 fr. 10, 2 fr. 15, 2 fr. 30.

En fin de 1919, ils s’établissaient ainsi : 0 fr. 90, 1 fr. 84, 2 fr. 70, 3 fr. 35, 3 fr. 45, 3 fr. 75.

Quant aux machines à imprimer, plus considérables encore sont naturellement les frais généraux horaires qui s’ajoutent au prix de la main-d’œuvre. Quelques chiffres permettront