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droit de vivre, — fussent ainsi sacrifiés, et à ce que, pour la commodité d’une de nos industries, on compromît la diffusion de la pensée française, l’influence de notre pays victorieux et l’instruction du peuple ?

Le seul sacrifice que nous ne puissions faire, — car il y aurait là danger vital, — c’est celui de la formation intellectuelle des jeunes Français et encore le sacrifice de l’influence française au dehors. Tous nos ouvriers, quelle que soit leur spécialité, devraient comprendre que leur avenir est lié à cette propagation de notre pensée. Les commandes, et par conséquent, le taux de leurs salaires, dépendent beaucoup de l’action plus ou moins vaste exercée au dehors par le Livre français. C’est, — nous avons le regret de le dire, mais il faut le dire, — ce que la Sozialdemokratie, aussi bien que l’Impérialisme allemand, a fort bien compris. Et depuis qu’elle est au pouvoir, sur ce point-là comme sur tant d’autres, elle continue l’effort des pangermanistes.

Si jusqu’à présent les pouvoirs publics ne semblent pas avoir entrevu le menaçant résultat de ces taxes et surtaxes douanières, qui peuvent d’ici, peu contribuer à réduire au chômage près de 500 000 ouvriers, empêcher la France victorieuse de faire connaître au monde sa pensée et de le conquérir à sa civilisation, entraver notre développement économique, — du moins la presse, dont les désirs sont toujours exaucés quand elle se donne la peine de les formuler avec l’énergie qui convient, a fait comprendre au Gouvernement et aux Chambres que ; surtout dans les périodes troublées de la guerre comme de l’après-guerre, les journaux sont indispensables pour maintenir le moral de la nation, l’informer, l’éduquer et l’instruire. Mais s’ils échappent aux taxes, pour cause d’information et d’éducation, pourquoi n’en avoir pas affranchi les Revues qui exercent la même bienfaisante action ?

On n’a pas assez rendu hommage au rôle joué par les périodiques pour réconforter l’opinion pendant la guerre. Dès les premières semaines, alors que beaucoup de journaux s’égaillaient en province et n’y étaient pas toujours faits d’une manière suffisamment propre à renseigner et vivifier l’opinion, la plupart de nos grandes revues, malgré des difficultés de toute sorte, commençaient à mettre de l’ordre dans les idées, à faire comprendre au public les conditions de cette guerre toute