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civilisation et de la littérature françaises, sont à peu près dénués de livres français parce qu’ils coûtent trop cher, voici que, après un heureux fléchissement, le prix du papier s’élève à nouveau (de 300 francs les cent kilos il était peu à peu redescendu à 250 et 200 francs, et maintenant, il oscille de 250 à 300 selon la qualité, et la nouvelle hausse s’accentue tous les jours), et que les commis de librairie, formulant des exigences pour la plupart irréalisables, et que les ouvriers du brochage, de la photogravure et de l’impression, réclamant de nouvelles indemnités, déterminent ainsi une perturbation nouvelle dans le commerce des livres.


I. — LE PRIX DU PAPIER

La crise est si grave, le péril si alarmant, qu’il est nécessaire d’étudier toutes les causes de ces majorations, et d’abord celles que, par un effort soutenu, nous pouvons faire disparaître ou tout au moins atténuer.

Le mal vient, pour la plus grande partie, de la cherté du papier et des droits de douane, — encore aggravés récemment, — qui contribuent à en maintenir le haut prix.

Afin de favoriser l’essor de l’industrie française du papier qui, ne trouvant pas sur notre territoire les quantités de bois dont elle a besoin, lutte désavantageusement contre la concurrence extérieure, le Parlement a, par le tarif douanier de 1894, frappé d’un droit spécifique de 10 francs par cent kilos le papier étranger pénétrant en France.

La guerre vint tout à coup aggraver la situation. Et comme le taux croissant du labeur ouvrier et le prix des matières premières faisaient à notre industrie française du papier des conditions plus difficiles encore, en juin dernier une surtaxe de 5 pour 100 ad valorem (c’est-à-dire proportionnée à la valeur de chaque catégorie de papier et non plus seulement au poids) était mise en outre sur les papiers ordinaires et une surtaxe de 15 pour 100 ad valorem sur les papiers dits couchés (nom des papiers sur lesquels on étend une couche de kaolin, nécessaires à l’impression des simili-gravures). Mais, l’application de ces surtaxes étant reconnue malaisée et les fabricants de papier estimant eux-mêmes que ce nouveau droit était excessif, à la demande du Syndicat des Editeurs soutenu par le Syndicat