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côte. Nous aurions donc le château pour rien et près de deux mille francs de revenu, sans compter les fruits et l’habitation. Un ami de collège me mène l’affaire, car je l’ai décidée de mon chef.

N’est-ce pas étrange que dans l’une de ces deux bonnes lettres qui m’attendaient ici, tu me donnes le programme que je remplissais en Touraine : belle vue, de l’ombre pour le promenoir, et des fruits !… [La Loire] le fleuve, à nos pieds !

L’autre affaire mérite considération. C’est une propriété (je ne l’ai pas vue ; mais je retournerai en Touraine en juillet), toute prête ; il n’y a qu’à y apporter ses meubles. Elle est située sur la côte du Cher, comme Moncontour sur celle de la Loire ; elle est du même prix et elle est située au Nord, ce qui est précieux en été, car la chaleur est tropicale à Moncontour, nous serons forcés d’y faire des dépenses pour nous en garantir. Mais nous y serons au Nord du côté de1 la cour. Une Portugaise a dépensé cent cinquante mille francs à Beaugaillard, et son successeur y a fait d’autres dépenses. Il y a [là] aussi vingt-cinq arpents de domaine, dont onze arpents de vignes, qui valent aussi de trois à quatre mille francs l’arpent. Ce serait donc un excellent pis-aller.

Moncontour est ma prédilection ; je voudrais que tu vinsses le voir, tant c’est joli. C’est une des plus belles vues de la Touraine, et il y a une station à une demi-lieue, celle de Vouvray. Si nous avons Moncontour, tous mes plans seraient changés. Je ne meublerais plus si richement l’appartement de Paris. Nous attendrions. Je réunirais tous mes efforts sur le château de Moncontour, car on peut l’habiter toujours. Si plus tard, nous avions une [véritable] terre, il faudrait toujours y venir passer les automnes qui y sont délicieux. Ce serait notre séjour pour au moins dix ans, et nous passerions décembre, janvier, février, mars et avril à Paris.

Vois-tu que j’avais raison de tenir les fonds disponibles ? Il faut quarante mille francs comptant pour faire l’affaire de Moncontour, car j’achèterai sous signature privée pour éviter les frais. Les propriétaires me donneront leur procuration pour vendre, et je ne paierai les droits que sur les parties que je garderai.

Dès que la réponse sera venue, je t’en écrirai. Mais, dès que ce sera nécessaire, je vendrai des actions pour quarante mille