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réciproquement à la défense nationale et à l’approvisionnement des deux pays des fournitures de toute espèce en quantité énorme, déterminant un actif échange de marchandises, entraînant un mouvement de fonds considérable et de vastes ouvertures de crédits (où l’Italie s’est d’ailleurs trouvée largement débitrice de la France), nécessitant enfin des arrangements financiers, qui ont abouti à faire ouvrir, de part et d’autre, sous le nom de « Compte de compensation, » un véritable compte courant. La France s’est constamment approvisionnée en Italie de soufre, de chanvre ; elle en a tiré une quantité non négligeable de produits d’alimentation, notamment de riz, de pommes de terre, de vin ; elle s’y est fournie d’automobiles et de moteurs, en proportion assez élevée pour justifier l’installation à Turin d’une mission militaire spécialement chargée de ces fournitures ; elle s’y est procuré des aéroplanes, moteurs et pièces d’aéroplanes, au point d’avoir également institué à Turin une mission militaire d’aéronautique ; elle y a trouvé pendant un temps une source de ravitaillement pour l’armée d’Orient, dans l’intérêt de laquelle elle a entretenu une mission d’intendance à Naples. Réciproquement, l’Italie a fait un très large appel à l’industrie française pour son armement, pour la fabrication de ses munitions, pour le perfectionnement et le développement de son outillage industriel, pour le fonctionnement de ses usines.

S’approvisionnant de charbon surtout auprès de l’Angleterre, elle a trouvé le réseau ferré français à sa disposition pour transporter son combustible des ports de l’Atlantique à sa propre frontière et économiser ainsi du tonnage italien ou anglais. Lorsque, après Caporello, elle eut perdu un grand nombre de wagons et de locomotives, elle en a obtenu le remplacement de la France, en même temps que de l’Angleterre. Quand l’état défavorable de son change lui en a fait souhaiter le relèvement, elle a trouvé le gouvernement français, comme ceux de Londres et de Washington, prêt à conclure avec elle un arrangement financier, qui a relevé le cours de la lire, par rapport au franc, d’une quarantaine de points. Il n’est donc pas exagéré de dire que les deux gouvernements se sont aidés l’un l’autre, en matière économique et financière, dans toute la mesure de leurs moyens.

Ils ont fait en sorte aussi que le commerce privé, d’un pays