Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’assaut le plus formidable qui se soit jamais vu, de s’acquitter envers nous de la dette d’amitié contractée par eux au mois d’octobre précédent, et enfin qu’ils ont mis une certaine coquetterie, six mois après Caporetto, à attester le relèvement militaire de leur pays, on détachant de leur front un corps d’armée en faveur du nôtre.

Toujours est-il que deux divisions italiennes, reçues chez nous avec d’autant plus d’empressement et de reconnaissance que l’offre en avait été spontanée, ont combattu sur nos champs de bataille, pendant la phase finale de l’immense lutte. Après quelques semaines d’entraînement et de mise au point, elles sont successivement entrées en ligne, à partir du milieu de mai 1918, dans un secteur d’Argonne, la même Argonne où, en 1914, au temps de la neutralité de l’Italie, la légion des volontaires garibaldiens avait versé le sang italien pour la France. Réunies ensuite l’une à l’autre, de manière à reconstituer, sous les ordres du général Albricci, un corps d’armée homogène, elles ont été placées, vers la mi-juin, dans le secteur de l’Ardre, à l’Ouest de Reims, qu’elles ont vaillamment défendu contre lus attaques réitérées des Allemands, notamment pendant l’offensive déclenchée par l’ennemi le 14 juillet.

Transférées en août dans la zone de Verdun, puis en septembre en avant de Château-Thierry, elles ont alors participé à la contre-offensive alliée, au forcement de l’Aisne et à la reprise du Chemin des Dames. En octobre, elles ont forcé le passage de l’Ailette et, ne cessant de repousser l’ennemi qui couvrait sa retraite en réagissant constamment et désespérément, elles ont enlevé Soissons et atteint la « Hunding Stellung ». Enfin des premiers jours de novembre à la date de l’armistice, elles ont emporté cette position, franchi la Serre et l’Aube, occupé Rocroy et sont arrivées à la ligne de la Meuse, entre Fumay et Revin. Au cours de ces actions, elles ont laissé sur la terre de France 4 400 morts et ont eu 6 400 blessés. Dans les armées Berthelot, Humbert et Mangin, auxquelles elles ont été incorporées tour à tour, elles ont bravement prêté main-forte aux nôtres.

La période pendant laquelle le corps d’armée italien a opéré en France a marqué le point culminant de la popularité de l’alliance française en Italie : et cette popularité s’est traduite par l’enthousiasme avec lequel le 14 juillet 1918 a été célébré