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ont valu les éloges et les remerciements des commandants de nos armées. Lorsque, l’offensive allemande brisée, l’État-Major Général italien a voulu rappeler ses travailleurs militaires, le Commandement Français a insisté à diverses reprises, de la manière la plus pressante, pour être autorisé à les conserver plus longtemps. Satisfaction lui a encore été donnée.

Il est arrivé que des soldats français, anglais et américains, allant au feu ou en revenant, s’étonnassent de voir des camarades italiens, militaires en uniforme, travailler sans combattre. Ils auraient éprouvé moins d’étonnement et n’en auraient peut-être pas tiré des conclusions injustes, s’ils avaient su que les travailleurs militaires italiens, d’ailleurs composés d’inaptes au service armé, d’hommes appartenant à des classes déjà anciennes et d’ouvriers spécialisés, n’étaient venus sur le front français qu’à la suite des pressantes instances de notre gouvernement, renouvelées ensuite pour les y faire rester le plus longtemps possible. A nous rendre ce service ingrat, qui confinait dans un rôle obscur 70 000 braves soldats auxiliaires en tenue au contact des combattants, sur un sol étranger, le gouvernement italien a fait preuve d’un esprit de solidarité dont il est de toute justice de lui rendre hommage.


XIV. — LE CORPS D’ARMÉE ITALIEN EN FRANCE

Le gouvernement italien a pu d’autant mieux accepter, pour une partie de ses soldats, ce rôle d’auxiliaires sur le front français, qu’il s’est fait, très peu de temps après, représenter sur le même front par des troupes combattantes.

Le 2e corps d’armée italien, à l’effectif de 48 000 hommes, a pris part aux opérations en France depuis le mois de mai 1918. Son envoi sur notre front a été dû à l’initiative purement spontanée du gouvernement et de l’Etat-major italiens, qui n’en ont été nullement sollicités. Par-là, ils ont voulu affirmer et resserrer encore leur solidarité avec les Alliés, en faisant participer directement leurs troupes à la bataille décisive par excellence, à celle où devait fatalement se décider le sort de la guerre et où les quatre grands alliés sans exception devaient être effectivement engagés, afin qu’elle eût pour chacun d’eux sa pleine signification. Il n’est pas interdit de penser aussi qu’ils ont eu à cœur, au moment où fondait sur nous