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évident, par exemple, que si l’Allemagne avait pu participer autrement que par l’artillerie et par quelques unités à l’offensive autrichienne du Trentin, en 1916, la situation italienne en aurait été fort aggravée. L’Allemagne en a été empêchée par nos contre-offensives devant Verdun et par notre offensive dans la Somme. Après la défection de la Russie, c’est encore l’activité franco-anglo-américaine, sur le théâtre d’opérations de France, qui a absorbé toutes les ressources militaires de l’Allemagne, au point que celle-ci, en octobre 1917, n’a pu trouver que 4 ou 5 divisions à placer sous les ordres du général de Below, pour aider l’Autriche à frapper le grand coup contre l’Italie.

Mais l’aide mutuelle des deux pays ne s’est pas bornée à ces services indirects, à cette action réflexe du front de l’un sur le front de l’autre. Chacun des deux a, en outre, coopéré directement par ses troupes à la campagne de l’autre. C’est de notre part que cette coopération directe a été la première, la plus large et la plus longue.

L’éventualité d’un concours militaire de la France à l’Italie fut, semble-t-il, examinée pour la première fois au moment de l’offensive autrichienne dans le Trentin, au printemps de 1916. À cette époque eurent lieu, entre le maréchal Joffre et le général Cadorna, des échanges de vues qui aboutirent rapidement ( à poser en principe qu’en cas de besoin des renforts français seraient assurés à l’armée italienne. L’hypothèse principalement considérée par les deux commandants en chef était celle où l’Allemagne aurait dirigé une expédition contre l’Italie, soit par le territoire autrichien sur le front du Trentin, soit à travers le territoire suisse sur la région à l’Est du lac de Garde. Cette hypothèse ne s’est heureusement pas réalisée et, d’autre part, la résistance italienne à la pression autrichienne de ce côté s’est montrée suffisante par elle-même pour la contenir et même la repousser. L’entente de principe des deux états-majors est donc demeurée théorique. Mais probablement des études préliminaires et des préparatifs sur le papier furent-ils dès lors faits en France pour la traduire en acte, le cas échéant.

L’initiative des opérations ayant, dès l’été de 1916, repassé des Autrichiens aux Italiens, le développement de ses offensives sur l’ensemble de son front amena le commandement italien à recourir à nous pour un renfort en artillerie, dont il était insuffisamment pourvu. Un certain nombre de pièces de gros calibre