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Poincaré à ce poste de premier ordre. C’est M. Jonnart qui avait été choisi par le gouvernement au moment où la Commission s’était constituée, et il était certainement l’un des hommes les plus désignés par son mérite personnel et par son autorité unanimement reconnue. Mais M. Jonnart, dont la nomination avait été partout approuvée, obéissant à des scrupules devant lesquels tout le monde s’est incliné, n’a pas cru pouvoir assumer plus longtemps une aussi lourde charge en raison de son état de santé. Le gouvernement a pensé que M. Raymond Poincaré par sa connaissance aprofondie du traité de paix, par sa puissance de travail, sa science juridique et l’éclat de son propre prestige pouvait mieux que personne rendre à la Commission des réparations d’éminents services à notre pays. M. Raymond Poincaré a accepté avec simplicité et avec courage la grande mission d’assurer l’œuvre de réparation exigée par le traité de paix : toute l’opinion française lui en a été reconnaissante. Les lecteurs de la Revue éprouveront plus que personne ce sentiment, en apprenant aujourd’hui une nouvelle dont celui qui a signé ces chroniques au cours de ces derniers mois se sent aussi honoré qu’heureux et en sachant qu’ils pourront lire ici les articles de l’un des hommes qui connaissent le mieux les affaires d’Europe et qui ont le plus d’autorité pour en parler.


M. le président de la République a pris possession de ses fonctions le 18 février, et la cérémonie de la transmission des pouvoirs s’est accomplie selon le rite traditionnel et simple qui est dans l’esprit de notre Constitution. Dès le 19 février, il a adressé aux Chambres le message par lequel le nouveau chef de l’État a coutume de faire connaître sa pensée au Parlement et au pays. M. Paul Deschanel, dans ce document dont le caractère est fixé par l’usage, s’est attaché à être aussi précis que possible et il a réussi à tracer un tableau rapide des graves problèmes qui sont posés devant la France. Après cinq années de guerre, le devoir du gouvernement est de voir clair, de définir exactement notre situation économique, financière, militaire ^ diplomatique, de faire le bilan de la nation. Pour accomplir la grande œuvre de reconstitution nationale qui est nécessaire, la première condition est de vivre dans la concorde. L’union de tous a fait notre force pendant la guerre ; elle facilitera notre travail pendant la paix, (i Tout ce qui réveillerait d’anciennes discordes, a dit M. Deschanel, serait un crime contre la patrie. » Les querelles des partis qui n’ont tenu que trop de place dans notre république de jadis semblent