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L’ARMÉE D’OCCUPATION DE L’ÉGYPTE
SOUS LA DOMINATION ROMAINE

L’histoire romaine a subi au cours du XIXe siècle une transformation complète. Les successeurs de Rollin et de Crevier s’occupaient surtout des faits : les événements guerriers, les modifications politiques retenaient presque uniquement leur attention. Pour l’époque républicaine, ils s’intéressaient à la lutte des patriciens et des plébéiens, aux guerres de Rome en Italie, à celles qui lui donnèrent la possession de la Grèce, de l’Asie, de l’Afrique, aux déchirements de la guerre civile, aux convulsions du régime ; pour l’époque impériale, à la chronique de cour, aux conspirations de palais qui faisaient et défaisaient les souverains, aux grandes expéditions sur les frontières, aux persécutions des chrétiens, bref, à tout ce qui entretenait ou ruinait la puissance romaine à l’intérieur et à l’extérieur. Encore passait-on assez vite sur cette seconde période, tant on vivait dans le culte de la précédente. Cette indifférence des modernes pour tout ce qui n’est pas l’histoire politique se comprend aisément ; l’histoire politique est la seule dont les auteurs grecs ou latins nous aient sérieusement entretenus ; ils s’attachaient aux choses de cet ordre parce qu’elles se passaient sous leurs yeux et tenaient dans leur esprit la première place. Des institutions et de leurs variations au cours du temps, ils semblent, en général, s’être souciés beaucoup moins, et beaucoup moins encore de la vie provinciale. Les différentes populations qui s’étaient agrégées peu à peu à la puissance romaine n’avaient pour eux que le seul avantage de fournir aux habitants de la métropole et de l’Italie des