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inscrits sur la liste des candidats désignés pour faire partie des commissions nommées par la Commune. » La question de Simon se pose : Langlois représente que « Simon occupe une place de confiance ; il serait désirable qu’elle lui fut conservée ; » mais le Conseil « passe à l’ordre du jour, motivé par la loi. »

C’était forcer la décision, du cordonnier : sous peine d’être classé dans l’opinion parmi les « repus, » il lui fallait renoncer à la prébende du Temple ; il n’hésita que très peu et, le surlendemain, il paraissait au Conseil pour la première fois depuis six mois, annonçant qu’il abandonnait sa mission d’éducateur, pour garder celle que la confiance des électeurs lui avait accordée. Plusieurs parlent de même, entre autres Véron, officier de paix, et Legrand, qui se démet de ses fonctions d’officier de l’état civil ; mais où le mystère commence c’est quand on voit le Conseil général, touché de ces beaux gestes, nommer sur-le-champ ledit Véron à l’emploi d’officier de l’état civil que, pour ne pas cumuler, vient d’abandonner ledit Legrand ; Coru est également nanti le soir même, ainsi que Bergot et Deltroit : ils sont promus tous les trois à des emplois de l’état civil. Simon, lui, restait sans place ni compensation, soit que ses collègues ne le jugeassent propre à rien d’autre qu’à former l’intelligence et le cœur du fils des Rois, soit que cette comédie du cumul n’eût été imaginée que pour se débarrasser de lui, ou pour justifier sa sortie du Temple. Il est certain que Chaumette et Hébert le virent disparaître avec satisfaction, puisqu’ils ne prononcèrent pas en sa faveur un mot qui eût été décisif. Pour la forme on consulta, au sujet du remplacement de Simon, le Comité de Sûreté générale qui déclara se désintéresser de la question : la Commune remit à trois jours la désignation du successeur, arrêtant « qu’il serait dressé à cet effet une liste de candidats. » Mais si la liste fut établie, on ne la consulta point et l’on apprit, neuf jours plus tard, et que Simon avait quitté le Temple et qu’il n’y serait point remplacé : quatre membres de la Commune, renouvelés quotidiennement, assumeraient la garde de l’enfant.

Cependant Simon, jusqu’alors si soumis, manifestait sans discrétion son mécontentement : était-il sincère dans ses récriminations, ou jouait-il une comédie commandée ? Sa conduite en ces premiers jours de janvier est étrange. On raconte que, furieux de ce qui s’est passé à la séance du 5, il refusa de