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REVUE DRAMATIOUE

UNE VAGUE D’INTERNATIONALISME AU THÉÂTRE

Le théâtre n’avait pas fait de très bonne besogne française avant la guerre. En s’obstinant à peindre notre société comme profondément corrompue, il avait contribué à répandre hors de France et contre la France un préjugé dont nous avons grandement souffert. Vous vous souvenez de quel ton les auteurs répondaient à ceux d’entre nous, — nous n’étions pas nombreux, — qui leur reprochaient cette injustice à l’égard de leur pays. De quel air magnifique ils réclamaient pour la liberté de l’observation et pour les droits de la vérité ! L’événement a montré que ce qui manquait le plus à leurs pièces, c’était l’observation, et à leurs peintures, c’était la vérité. Et la raison en était qu’au lieu de regarder autour d’eux et de peindre ce qui est, ils avaient travaillé d’après le poncif de dénigrement et le lieu commun de perversité alors à la mode.

On pouvait espérer que l’épreuve de la guerre aurait fait réfléchir les écrivains de théâtre et les aurait engagés à se mettre mieux en accord avec l’âme du pays. Pour ma part, je reste convaincu que cet assainissement de notre scène se fera quelque jour. Nous n’en sommes pas encore là, il s’en faut. Quelques pièces qui viennent d’être représentées coup sur coup et dont l’inspiration est voisine, sont, dans les circonstances actuelles, un défi au sentiment national. La France injustement attaquée sort victorieuse, mais meurtrie, d’une lutte sacrée. Elle s’est dévouée pour la liberté du monde et pour le salut de la civilisation. Elle admire de toutes ses forces et elle pleure de toutes ses larmes les milliers et les milliers de combattants qui ont fait le grand sacrifice pour défendre le sol de la patrie. Et c’est le moment que choisit le théâtre pour prêter sa