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LA RUINE
DE LA
CIVILISATION ANTIQUE

II [1]
LA CRISE DU TROISIÈME SIÈCLE


I

Alexandre Sévère fut tué au début de l’an 235, par une sédition à la tête de laquelle se trouvait un Thrace, Maximin. Sa valeur et la protection de la famille de Septime Sévère avaient permis à Maximin d’arriver aux plus hauts grades de la milice, bien qu’il parlât fort mal le latin. Il représentait donc les races les plus barbares de l’Empire, qui, profilant des révolutions ou des guerres civiles et du despotisme oriental de la famille de Septime Sévère, tâchaient de prendre la place des vieilles familles de l’aristocratie sénatoriale. Alexandre Sévère mort, les légions proclamèrent Maximin empereur à Mayence. La révolte contre Alexandre Sévère, qui voulait rétablir l’autorité du Sénat, et l’élévation à l’empire de ce Thrace nommé par les légions, étaient un défi jeté par le nouveau despotisme militaire au seul principe de légitimité qu’il y eût alors et qui était représenté par le Sénat ; un défi, par conséquent, à l’ordre légal qui reposait depuis tant de siècles sur l’autorité du Sénat. Septime Sévère et ses successeurs avaient encore cherché à justifier leur propre despotisme en invoquant, pour la forme

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1919.