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LE ROI LOUIS XVII

IV[1]
SIMON

On admettra que, si la pensée du petit Roi du Temple hantait l’esprit de tous les politiciens, Chaumette, lui, en devait être obsédé. C’est à la Commune de Paris « qu’appartient » le fils du tyran : or la Commune obéit à Chaumette ; il y fait ce qu’il veut, n’y dit que ce qu’il consent à dire, quoiqu’il y parle quotidiennement et abondamment. Lors de son procès devant le tribunal révolutionnaire, des témoins déposeront « qu’il exerçait les fonctions de procureur général de la Commune moins comme le défenseur du peuple que comme un dictateur ; » ses réquisitoires « ressemblaient plutôt à des lois dictées par un législateur qu’à des opinions… soumises à la discussion du Conseil ; » il disait que, u à lui seul, il formait une autorité constituée, » et « il régnait despotiquement sur les opinions. » Si l’on n’a pas perdu de vue le portrait moral esquissé plus haut, on se rappelle que le personnage était non seulement gonflé de sa toute-puissante influence, mais sournois, rusé, dissimulé sous des dehors de franchise et de bonhomie ; sa vie demeure, pour ceux qui l’ont le plus étudiée, un mystère constant : tous ont convenu que « les dessous » leur en échappaient et que cette figure double et fuyante a gardé prudemment son secret.

Voilà un homme taré, sans scrupules, sachant mentir et se

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 décembre et 1er janvier.