ont poussé vers ce carrefour les Siméon bulgares ou les Douchan serbes, leur domination éphémère n’y put prendre de profondes racines : la Macédoine convoitée ne resta qu’un lieu de passage.
A l’Ouest, de hautes crêtes Nord-Sud, dépassant 2 000 mètres, se dressent comme barrières de l’Albanie ; au Nord, les plaines marneuses et boisées de la vieille Serbie moravienne ; à l’Est, la masse du Rhodope borne la vieille Bulgarie ; au Sud, les riches plaines à blé thessaliennes. Entre ces zones incontestées, où se sont particularisés Albanais, Serbes, Bulgares et Grecs, est un carrefour de chapelets de bassins, de vallées et de golfes, unis par des seuils faciles, où ont pénétré les peuples du Nord, de l’Est, du Sud. La complexité de la topographie morcelée qui encadre de montagnes escarpées les bassins effondrés, le caprice des cours d’eau qui passent successivement de plaines colmatées ou encore marécageuses dans des gorges étroites et abruptes, la variété des genres de vie qui fait coudoyer les pasteurs montagnards et les agriculteurs des basses pentes, n’empêchent point la Macédoine d’être, avant toute chose, un carrefour.
Au delà, les Etats voisins, Serbie, Bulgarie, Grèce, ont pris, dans un cadre déterminé, une conscience nationale. Et, s’infiltrant le long des trois voies naturelles, la mer, le Vardar, et ce chapelet de bassins échelonnés de Kozani à Prilep, ils ont tous tendu à s’établir au croisement. Par les seuils effacés des deux extrémités du Rhodope, par les fonds lacustres aux eaux indécises qui unissent la haute Morava au haut Vardar, par les défilés aisés qui joignent les plaines thessaliennes au bassin de la Vistritza, le long des campagnes littorales ou par la route maritime, Serbes, Bulgares et Grecs ont poussé des tentacules dont Salonique est l’appât.
C’est précisément la géographie de la Macédoine qui va imposer ses axes aux opérations futures : en 1915, le long du Vardar, Français et Anglais tendront aux Serbes une main secourable, mais tardive et vaine ; en 1916, l’armée serbe renaissant sous la tutelle de la France, l’offensive franco-serbe rebondira de plaine en plaine de Kaïalar à Florina, de Florina à Monastir ; en 1918, enfin, c’est en prenant possession par une manœuvre hardie de la moyenne vallée du Vardar que les deux armées alliées, complétées par l’armée grecque, tardivement mais utilement