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Ces étoiles variables céphéides ont pris depuis peu une importance capitale dans l’astronomie stellaire. On a trouvé un moyen simple et direct, — beaucoup moins compliqué que dans le cas des variables du type Algol, — de connaître l’éclat réel et partant la distance de ces étoiles.

Naguère, une astronome américaine, miss Leavit, de l’observatoire de Harvard, en étudiant un assez grand nombre d’étoiles variables céphéides qui se trouvait dans un petit amas d’étoiles appelé la Nuée de Magellan, a remarqué que la longueur de leur période de variation, c’est-à-dire la durée qui sépare deux maxima ou deux minima successifs de ces étoiles, dépend étroitement de leur éclat relatif. Toutes les étoiles de la petite nuée de Magellan sont manifestement liées physiquement, par conséquent sont à peu près à la même distance de nous. Or il se trouve que parmi les Céphéides de ces amas les plus brillantes, c’est-à-dire les plus grosses, ont une durée de variation plus grande que les plus petites. Cette durée varie pour les Céphéides de cet amas entre 1 jour et 127 jours, et miss Leavit a montré qu’il existe une relation numérique simple entre la grosseur réelle ou plutôt l’éclat réel d’une Céphéide et sa période de variation. Cette loi qui est en accord avec certaines conclusions de la dynamique stellaire sur lesquelles ce n’est pas le lieu d’insister, — a été vérifiée sur d’autres amas d’étoiles contenant des Céphéides et aussi sur plusieurs Céphéides brillantes relativement voisines de nous et dont on connaissait les distances par la mesure directe des parallaxes. La loi s’est toujours trouvée rigoureusement exacte.

C’est ainsi qu’on sait que l’éclat réel d’une Céphéide dont la période de variation dure un jour est cent fois plus grand que celui du soleil, et que son éclat est 1 500 fois plus grand que celui du soleil, quand la période atteint 10 jours, etc.

Cette méthode a permis de connaître les éclats réels et partant les distances d’un très grand nombre d’étoiles, et de jeter un nouveau et vaste coup de sonde dans les profondeurs inexplorées du ciel. Il me reste à exposer les résultats surprenants de tous ces vastes sondages de l’univers. Dès maintenant et pour laisser à l’imagination le solide étai d’un chiffre, je me bornerai à dire que la distance de la nuée de Magellan dont il vient d’être question a été trouvée égale à 1 000 parsecs environ, c’est-à-dire qu’il faut plus de 30 000 ans, — 300 siècles, — à la lumière, pour nous venir de cet amas d’étoiles qui est pourtant, comme nous verrons, presque notre voisin dans l’immensité astrale. Tout est relatif.