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et l’amplitude de la variation lumineuse, données caractérisant ce qu’on appelle la « courbe de lumière, » on peut en déduire des précisions sur la masse de l’étoile, son éclat réel et partant sa distance. On a pu ainsi obtenir les distances d’un grand nombre d’étoiles binaires à éclipse analogues à Algol. Ce qui montre qu’on peut attacher une réelle valeur à ces déterminations, c’est que pour les étoiles de ce type (et il y en a un certain nombre) dont les distances ont pu être mesurées à la fois par ce procédé et par la détermination directe des parallaxes, les résultats obtenus montrent un accord excellent. Parmi les étoiles binaires du type Algol ainsi étudiées notamment par Russell et Shapley, un bon nombre sont à plus de 300 parsecs (mille années de lumière) de nous et quelques-unes sont à plus de 1 500 parsecs.

C’est-à-dire que la lumière qui nous arrive en ce moment de ces étoiles en est partie il y a plus de 5 000 ans. Lorsque nous les voyons diminuer d’éclat dans nos télescopes, nous assistons donc à une éclipse, à un phénomène qui s’est produit plus de 3 000 ans avant l’ère chrétienne.

La distance fait ce miracle de changer pour nous le lointain passé en lumineux présent et de nous rendre vivantes des choses mortes et périmées depuis longtemps.

Il est enfin une autre espèce d’étoiles variables dont l’étude nous a fait pénétrer bien plus loin encore que les précédentes dans les profondeurs naguère inaccessibles de l’immensité stellaire. Ce sont les céphéides, ainsi génériquement appelées à cause de la plus connue des étoiles de ce type qui est l’étoile delta de la constellation de Céphée. Tandis qu’Algol, ainsi que nous venons de le voir, a un état constant qui ne varie que pendant quelques heures pour revenir bien vite à la luminosité fixe qu’elle gardera de nouveau pendant plus de deux jours, au contraire, la variation (d’ailleurs observable à l’œil nu) de Delta de Céphée est absolument continue. Cette étoile augmente d’éclat pendant un certain nombre d’heures, puis, arrivée à un certain éclat maximum, se met à s’éteindre progressivement, mais plus lentement, jusqu’à un minimum, au delà duque et aussitôt sa lumière croît de nouveau suivant le même cycle qu’auparavant et cela indéfiniment. Il y a dans ce rythme particulier des céphéides quelque chose d’assez analogue à celui de la marée qui dans nos océans monte et descend sans cesse suivant une norme semblable.